Extrait du journal
sans y rencontrer d’encouragement. M. Varnbühler, dans un discours prononcé l’année sui vante et qui fit alors quelque bruit, fut plus pré cis dans ses allégations. La Russie, à l’en tendre, avait proposé au gouvernement français une alliance offensive contre l’Allemagne, et M. Waddington, non content de faire la sourde oreille, avait donné ans de cette proposition à M. de Bismarck. La vérité est, nous sommes en mesure de l’affirmer, qu’il n’y eut, sous le minis tère Waddington, ni proposition de traité, ni pourparlers d’aucune sorte entre la France et la Russie. Quoi qu’il en soit de ce point, la conscience d’un danger commun rapprocha les deux puis sances menacées. Les bases d’un arrangement furent jetées à la fin d’août 1879, dans le cours de la visite que le comte Andrassy fit au prince de Bismarck à Gastein, où ce dernier s’était rendu après sa cure de Kissingen. Trois semai nes plus tard, le chancelier allemand se rendait à Vienne ; il y fut reçu avec de grands honneurs, et y passa quatre jours pendant lesquels le traité fut débattu et arrêté dans tous ses détails. Le texte n’en a. jamais été publié, mais on n’ignore point qu’il s’agissait d’une alliance défensive, conclue pour cinq ans, et en vertu de laquelle, dans le cas où l’une des deux puissances con tractantes serait attaquée par plus d’un ennemi à la fois, elle pouvait compter sur le secours mili taire de l’autre. M. de Bismarck était parvenu à ses fins non sans peine toute fois, ni d’une façon aussi com plète qu’il l’avait espéré. H avait" eu à surmon ter, auprès de l’empereur Guillaume, les affec tions de famille qui lient celui-ci à la cour de Russie, et qui lui rendaient pénible de souscrire à des mesures de défiance, sinon d’hostilité. On assure que le chancelier impérial eut besoin de toutes ses ressources de persuasion, de tous ses moyens de pression morale, pour triompher des répugnances de son souverain. La cour de Vienne, de son côté, ne lui accorda pas tout ce qu’il avait demandé. M. de Bismarck aurait voulu que le traité fût publié et qu’il fût ratifié par les Parlements des deux nations. Il demandait en outre qu’un traité de commerce s’ajoutât aux conventions militaires pour unir plus étroite ment encore les contractants. Devant les diffi cultés politiques que soulevait l’un de ces pro jets et les intérêts économiques qui s’opposaient à l’autre, M, de Bismarck dut reculer et se con tenter de la garantie qu’il avait obtenue en fa veur du maintien de l’état territorial européen fondé par la dernière guerre. Il est possible ce pendant que les projets d’union douanière, aban donnés en 1879, aient été repris ces jours-ci à Varzin, comme aussi rien n’empêche d’admettre que d’autres questions, et des questions de plu sieurs sortes, y aient été agitées : la position de l’Angleterre en Egypte, par exemple, et surtout la nouvelle attitude que l’Allemagne a prise à l’égard de la Russie, et les conséquences qui en découlent pour les relations des trois empires entre eux. ■■ Aucun incident notable ne s’est produit hier à •l’ouverture de la session des conseils généraux. Presque partout les bureaux sortants ont été réélus, ce qui prouve que, contrairement aux assertions des journaux de droite, l’opinion ré publicaine n’a nullement perdu du terrain dans les départements. Au reste, si l’on en juge par les premières informations qui nous sont par venues, ainsi que par les discours de la plupart des présidents des assemblées départementales, la politique paraît devoir ne tenir qu’une place très infime dans la session qui vient de s’ouvrir. Pas plus cette année que l’année précédente les conseils généraux ne paraissent vouloir entrer dans la voie des agitations politiques, où l’extrême gauche s’efforce constamment de les pousser. L’an dernier, on s’en souvient, les promoteurs de la Ligue révisionniste avaient invité les conseils à émettre des vœux en faveur de la révision intégrale. Une campagne très active avait été entreprise à ce sujet. Les es pérances des agitateurs ont été complètement déçues. A de rares exceptions près, les conseils généraux ont refusé d’entrer dans les vues de la Ligue et ils se sont strictement renfermés dans le cadre des questions de compétence. Il n’en sera pas autrement cette année, on peut déjà en être certain, bien que çà et là quel ques conseillers isolés veuillent "remettre la question de la révision sur le tapis. Ainsi, à Lyon, un conseiller a déposé un vœu tendant à la révision de la Constitution par une Consti tuante nommée par le peuple. Les bonapartistes ne pourront que lui savoir gré de cette initia tive, à laquelle le prince Napoléon et ses amis vont certainement applaudir. A Marseille, le président a cru devoir, en prenant possession du fauteuil, protester contre « le simulacre » de révi sion qui venait d’avoir lieu à Versailles. Ce sont là des incidents isolés, qui n’infirment en rien le caractère général de l’ouverture de la grande session des conseils généraux, caractère essen tiellement pacifique et contraire à toute velléité d’agitation. Cela est important à constater au lendemain du Congrès et alors que les opposi tions coalisées d’extrême droite et d’extrême...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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