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Le Temps, 20 février 1892

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Le Temps
20 février 1892


Extrait du journal

séparation de l’Eglise et de l’Etat. Comme le gouvernement affirmait qu’à ses yeux le vote aurait une signification tout à fait op posée, les orateurs radicaux devaient être amenés à insister de toutes leurs forces pour que le sens du scrutin auquel on allait pro céder fût parfaitement clair. Ils ont donc réduit M. le président du conseil à déclarer qu’un ordre du jour pouvait seul dissiper 1 équivoque, et dès ce moment le danger est apparu ; il était certain, en effet, que toute ^rédaction acceptable pour le cabinet serait re'“poussée par l’extrême gauche et parla droite, celle-ci ne voulant s’associer, à aucun prix à une résolution qui aurait impliqué bon gré mal gré l’approbation d’une loi odieuse à ses yeux. La coalition traditionnelle était donc fatale, et elle a mis le ministère en minorité de 72 voix, prise à la fois parmi les amis et parmi les adversaires les plus passion nés, les intransigeants du projet. Il convient d’ajouter que le cabinet a entraîné avec lui la grande majorité des républicains, 210 con tre 105, juste la moitié, qui l’ont abandonné. C’est donc incontestablement.lui, sa politi que, son programme qui l’ont emporté hier, et cependant il disparaît : le régime parle mentaire dans toute sa beauté, comme on le voit. Que va faire M. le président de la Répu blique ? Il ne peut songer à une combinaison Cassagnac-Clemenceau, la seule cependant que le scrutin d’hier lui indique ; il ne peut pas songer davantage à faire un ministère homogène, pris tout entier dans l’extrême gauche ou tout entier dans le centre, car une coalition semblable à celle d’hier lui aurait vite infligé le sort de l’ancien ; il voudra re faire un-ministère de concentration; mais oû trouvera-t-il, dans cette Chambre, pour le constituer, des hommes supérieurs par le ta lent, l’expérience, l’autorité aux ministres qui se retirent? Cette durée de deux ans que le dernier cabi net avait pu atteindre, et qui était peut-être le principal grief de ses adversaires, ajoutait à la valeur personnelle de ses membres, en augmentant leur crédit. S’imagine-l-on, par exemple, que M. de Freycinet eût pu entre prendre et poursuivre la réorganisation de l’armée sur un plan méthodique, M. Ribot préparer et réaliser le coup de théâtre de Cronstadt, M. Rouvier venir à bout des bud gets les plus difficiles, tout en faisant des dégrèvements et en développant le crédit public, si les uns et les autres n’avaient pas eu de temps derrière eux et devant eux ? On a fait hier de la mauvaise politique et une mauvaise affaire. Voilà le plus clair résultat de cette journée, qui est bien véritablement, pour tout le monde, la journée des dupes....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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