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Le Temps, 20 janvier 1893

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Le Temps
20 janvier 1893


Extrait du journal

Si les syndicats professionnels, loin d’être, comme le voulait le législateur, un instru ment d’émancipation, et de concorde, ont surtout servi, jusqu’ici, les ambitions de quelques meneurs, habiles à exploiter les agitations qu’ils fomentaient perpétuelle ment dans le monde du travail, il faut s’en prendre, en grande partie, à la mollesse et à la docilité passive des travailleurs embri gadés: Ceux-ci commenceraient-ils à se ren dre compte du rôle qu’on leur fait jouer et seraient-ils disposés à surveiller plus étroi tement la conduite des comités auxquels ils confient le soin de leurs intérêts matériels et moraux ? Une manifestation récente, sur laquelle la Petite Gironde nous fournit des renseignements précis, tendrait à le faire -espérer. Un des syndicats les plus importants et par le nombre de ses adhérents, et par la répercussion que ses actes peuvent avoir sur toutes les affaires du pays, est assuré ment le syndicat des ouvriers et employés de chemins de fer. On se souvient de l’émo tion qui s’était emparée du public, lorsque, peu de temps après sa fondation, il tenta de provoquer une grève que la sagesse des compagnies et de la plupart des employés réussit à faire avorter. Or voici qu’un groupe considérable, la section Bordeaux-Orléans, vient de voter uu blâme sévère au conseil qui dirige la chambre syndicale et a décidé de s’en séparer. Rien de plus instructif que les raisons alléguées pour expliquer cette scission. Nous y voyons, par exemple, que, tandis qu’on laissait sans secours des familles ré duites à la misère par des accidents, on en voyait des fonds, sans consulter les sec tions, pour soutenir diverses grèves : celles des mineurs de Carmaux, des casseuses de sucre, etc. La section se plaint également qu’au lieu d’étudier les questions économi ques intéressant les travailleurs des voies ferrées, le journal « officiel » du syndicat se livre aux attaques les plus violentes contre les employés supérieurs des compagnies, con tienne de fréquentes allusions politiques et des paroles de nature à blesser des sentiments religieux respectables. Mais le grief principal, c’est l’action politique que le conseil voulait faire exercer par le syndicat. Sans doute, les membres du conseil et particulièrement le...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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