Extrait du journal

un. secrétaire perpétuel, a déolaré le citoyen Pataud, qui a des lettreè et se tient au courant du mouvement littéraire contemporain. Chacun son tour. \Le poste que je veux abandonner n’est pas “si enviable’ que certains se plaisent à le croire..» Malgré la discrétion de bon goût qui a empêché M. Pataud d’entrer dans plus.de dé tails, cette simple phrase permet de supposer .que le secrétaire du syndicat des électriciens a rencontré des déboires dans l’exercice de ses hautes fonctions. On se souvient peut-être qu’aux dernières élections muni cipales, il avait posé sa candidature dans tous les quartiers de Paris. Ce n’était qu’une candidature de principe, et M. Pataud n’a pas fait campagne ; il ne comptait pas être élu, il avait même annoncé que s’il était élu par ha sard, il démissionnerait aussitôt. Il ne ressent donc aucune amertume de n’être pas conseiller municipal. Tout de même, il n’a obtenu qu’un, nombre dérisoire de voix, et il a pu en être blessé. Il avait le droit d’espérer mieux. En outre, certaines rumeurs parvenues jus qu’à'nous tendent à indiquer que même dans le sein de son syndicat ou de sa fédération, l’autorité que M. Pataud pensait s’être acquise par ses éclatants services pourrait avoir été un peu méconnue. En somme, il avait magis tralement dirigé la grève de l’électricité et ses préparations habiles, son initiative foudroyante, sa tactique magistrale avaient conduit ses troupes à 'la victoire. Comment en a-t-il été récompensé ? N’aurait-on pas discuté ses idées, contrecarré ses intentions, contesté l’impor tance de ses triomphes ? D’autres généraux des armées syndicalistes, simples débutants dans l’art de la grôviculture, n’auraient-ils pas eu le front de lui tenir tête et de le traiter assez cavalièrement? Ne méprisait-on pas les con seils de son expérience et ne prétendaiton pas lui imposer des plans de campa gne qu’il ne pouvait approuver ? Il ne serait pas invraisemblable que M. Pataud eût fait à son tour la pénible épreuve'de l’ingratitude et de l’inconstance des démocraties, qui ont de tout temps fait une grande consommation d’hommes et se sont toujours dégoûtées avec rapidité de leurs favoris. Plaignons M. Pataud, s’il en est ainsi ; mais ne nous étonnons pas de ce retour de fortune, et souhaitons-lui, s’il s’éclaire à l’électricité, de n’être pas trop sou vent plongé dans les ténèbres par son succes seur....