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Le Temps, 20 juin 1911

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Le Temps
20 juin 1911


Extrait du journal

ment. Ne manquez pas de faire comme elle a dit. Et le bon docteur s’esquiva sur la pointe du pied, sentant bien que le malheureux jeune homme n’en pourrait supporter davantage. A ce petit trait de bonté, d’affectueuse pré venance, la glace, l’apathie douloureuse que l’anxiété et la douleur avaient répandu sur son âme se fondit soudain. Avec des larmes et des sanglote il prit les petits pains, les biscuits préparés pour lui, les porta à ses lèvres, les baisa religieusement. C’était elle, la divine créature, qni les lui offrait Pois il versa le thé, pour lui obéir, et tout seul il fit ce repas qui entre eux était le plus doux. Que de fois ne lui avait-il pas dit : « Ne m’attendez pas si je me retarde; commencez sans moi. » Et elle de ré pondre invariablement : « Je n’aime mon thé qne si je le prends avec vous... » Un peu plus tard, le docteur reparut, lui donna quelques détails. Au cours de la der nière semaine, une sorte de dépression s’ëtait abattue sur elle, et pour se distraire elle s’était mise à écrire. '— Une pièce de théâtre, je crois. Vous la trouverez dans lé bureau du salon. Elle désire que vous la lisiez. Elle venait de tracer le mot « Fin » quand elle fut prise de cette syncope. — N’y a-t-il -aucun espoir de rétablissement? demanda Hugh -après un silence. — Aucun. Il se leva, marcha à la* fenêtre. On était près du coucher du soleil et les pics neigeux com mençaient à se teinter de rouge, tandis que dans le fond de la vallée un crêpe noir s’éten dait. — Croyez-vous que je puisse aller la voir dormir? — Oui, mais faites doucement. Ne l’éveillez pas. La porte de la chambre restait ton jours grande ouverte pour qu’elle pût avoir cons tamment, un air frais et renouvelé. Un ins tant il s’arrêta, le cœur battant. Allait-il trou ver le beau visage aimé altéré par le mal cruel? Puis il vainquit son hésitation, et s’avançant, put se convaincre combien cette crainte était vaine. Calme et belle, et Manche, elle reposait,, .gracieuse, sa main diaphane abandonnée sur la neigeuse couverture. Et comme il la non-...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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