Extrait du journal

Les députés grecs sont arrivés, en grande majorité, à Athènes, où la Chambre est convoquée aujourd'hui même. La session qui va s'ouvrir, les décisions qui vont être prises, auront une influence considérable, non seulement sur le sort de la Grèce, mais aussi sur le groupement des puissances en Europe. • La France, dont la généreuse initiative a été si singulièrement méconnue par les puissances, se tient sur la réserve; tout indique que la Russie prend la même attitude. Que devient dès lors l'alliance des trois empires, qu'on se plaît à représenter comme le palladiumde la paixeuropenne?L'Allemagne seule ̃voudra dicter ses lois; ne s'est-elle pas réconciliée avec l'Angleterre? et ne peut-elle compter 'sur l'Italie, toujours prête à s'incliner devant les volontés de M. de Bismarck? L'Autriche, de son côté, qui n'a que l'ambition d'atteindre un jour le port de Salonique, que ce soit en annexant la Macédoine ou en dissimulant cette prise de possession sous le masque d'un protectorat à l'instar de celui qu'elle étend 'sur la Bosnie et l'Herzégovine, l'Autriche est toute disposée à suivre l'ornière que lui trace 1 !la politique du chancelier allemand. Son ressentiment contre la Grèce s'est traduit par les rigueurs exceptionnelles que son escadre a déployées dans l'application du blocus. Que va faire la Chambre grecque? D'après les renseignements qui nous arrivent, la majorité de M. Delyannis est toujours maîtresse de la situation; c'est son chef qu'elle portera probablement au fauteuil présidentiel. Par cette manifestation, le roi sera forcé de charger de la formation d'un nouveau ministère celui qu'on désigne à sa confiance d'une façon aussi ouverte. M. Delyannis acceptera-t-il cette tâche? La refusera-t-il parce qu'il a conscience de l'animosité que certains représentants des puissances étrangères ont contre sa personne même? et, s'il l'accepte, pourra-t-il présenter une autre solution que celle qu'il a déjà proposée sur les instances de la France et que les puissances ont trouvée insuffisante, c'est-à-dire le désarmement par échelons? Et cependant le roi Georges, s'il veut rester dans la règle constitutionnelle, qu'il a toujours fidèlement observée jusqu'à présent, ne pourra recourir qu'à M. Delyannis, si ce-...