Extrait du journal
Le manifeste du maréchal occupe ce matin la première page du Journal officiel. Voici le texte de ce document qui, on le remarquera, est contre-signé par M. de Fourtou : Le maréchal de Mac-Mahon, président de la république, au peuple français. Français ! Vous allez être appelés à nommer vos re présentants à la Chambre des députés. Je ne prétends exercer aucune pression sur vos choix, mais je tiens à dissiper toutes les équivoques. Il faut que vous sachiez ce que j’ai fait, ce que j’entends faire, et quelles seront les con séquences de ce que vous allez faire vousmêmes. Ge que j’ai fait, le voici : Depuis quatre ans j’ai maintenu la paix, et la confiance personnelle dont m’honorent les souverains étrangers m’a permis de rendre de jour en jour plus cordiales nos relations avec toutes les puissances. A l’intérieur, l’ordre n’a pas été un instant troublé. Grâce à une politique de concorde qui ap pelait autour de moi tous les hommes dé voués avant tout au pays, la prospérité publi que, un instant arrêtée par nos malheurs, a repris son essor. La richesse générale s’est accrue malgré nos lourdes charges. Le crédit national s’est affermi. La France, paisible et confiante, a vu, en même temps, son armée, toujours digne d’elle, reconstituée suF des bases nouvelles. Mais ces grands résultats menaçaient d’être compromis. La Chambre des députés, échappant chaque jour davantage à la direction des hommes modérés, et de plus en plus dominée par les chefs avoués du radicalisme, en était venue à méconnaître.la part d’autorité qui m’appar tient et que je ne saurais laisser amoindrir sans engager l’honneur de mon nom devant vous et devant l’histoire. Contestant en même temps l’influence légitime du Sénat, elle n’al lait à rien moins qu’à substituer à l’équilibre nécessaire des pouvoirs établis par la Cons titution le despotisme' d’une nouvelle Con vention. L’hésitation n’était pas permise. Usant de mon droit constitutionnel, j’ai, sur l’avis conforme du Sénat, dissous la Chambre des députés. Maintenant c’est à vous de parler.. On vous dit que je veux renverser la répu blique. Vous ne le croirez pas. La Constitution est confiée à ma garde. Je la ferai respecter. Ce que j’attends de vous, c’est l’élection d’une Chambre qui, s’élevant au-dessus des compétitions de partis, se préoccupe avant tout des afiaires du pays. Aux dernières élections, on a abusé de mon nom. Parmi «eux qui se disaient alors mes amis, beaucoup n’ont pas cessé de me combattre. On vous parle encore aujourd’hui de dévouement à ma personne et l’on pré tend n’attaquer que mes ministres. Vous ne serez pas dupes de cet artifice. Pour le déjouer, mon gouvernement vous désignera parmi les candidats ceux qui, seuls, pourront s’autoriser de mon nom....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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