Extrait du journal

.C'est aujourd'hui ou demain que doit avoir lieu à Salzbourg l'entrevue du prince de Bismarck et du comte Andrassy.La situation présente des belligérants en Bulgarie donne aux entretiens que vont avoir les deux ministres une [importance exceptionnelle. Il a été répété souvent, non sans quelque apparence de vérité, que la cour de Berlin, pour maintenir l'Autriche-Hongrie dans un état de neutralité, sinon bienveillante du moins satisfaisante pour la Russie, aurait 1 garanti à l'avance la cour de Vienne contre toute modification, nuisible à l'Autriche-Hongrie, que la Russie victorieuse, pourrait vouloir effectuer dans la possession territoriale ou dans l'organisation politique de la péninsule des Balkans. S'il est vrai que cet engagement ait été pris dans l'hypothèse d'un triomphe complet et rapide des Russes, il est probable qu'on aura prévu en même temps le cas d'un demi-succès et d'une guerre qui se prolongerait. Mais il serait difficile de supposer qu'à Berlin et à Vienne on ait admis comme réalisable l'hypothèse d'une série d'opérations désastreuses pour les Russes, et d'une offensive victorieuse reprise par les Turcs. Cependant, c'est précisément l'imprévu qui est arrivé, et une situation nouvelle s'est créée; à vienne et à Berlin, on doit avoir senti la nécessité de prendre en conséquence des arrangemcnts nouveaux, et probablement on va les discuter à Salzbourg. Si l'on avait prévu les deux cas du triomphe rapide des Russes et d'une guerre prolongée, mais se terminant à leur avantage, si l'on était convenu de ce qu'on ferait dans ces deux hypothèses, il faut maintenant prendre un parti en rapport avec une situation toute différente. Les Turcs sont victorieux. Pour les Russes, la campagne de 1877 est manquée. S'ils se relèvent avant que le mauvais temps ne rende les opérations impossibles en Bulgarie, ils se maintiendront sur le territoire ennemi, mais sans pouvoir avancer jusqu'au printemps. Si les succès des Turcs se continuent, les Russes sont exposés à un désastre. On peut supposer qu'à Salzbourg des efforts seront tentés pour les en préserver, quoi qu'il arrive. Dans le cas où la fortune continuerait à favoriser les Turcs, les puissances amies ou alliées de la Russie ne pourraient chercher à préserver son armée d'un malheur que par une intervention militaire, une médiation ou un armistice. Mais une alliance de l'Allemagne ou de l'AutricheHongrie avec la Russie contre la Porte-Ot-...