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Le Temps, 21 octobre 1892

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Le Temps
21 octobre 1892


Extrait du journal

— Je compte spécialement sur vous, me dit-il d’un air sérieux. , Ce fut pour moi une déception. J’avais mis en lui une espérance de salut, et voilà que je la perdais. Avant son arrivée, je nourrissais cette espérance : «S’il déclarait nécessaire, pour pré server la mère, de sacrifier le fils !... Juliane seraitsauvée; elle guérirait, et je serais sauvé aussi, je me sentirais renaître. lime serait possible, je crois, d’oublier presque, ou du moins de me rési gner. Le temps cicatrise tant de blessures, et le travail console de tant de tristesses ! Je pourrais, je crois, reconquérir la paix, petit à petit, et m’amender, suivre l’exemple de mon frère, de venir meilleur, devenir un homme, vivre pour : les autres, embrasser la religion nouvelle. Je crois que ma douleur même pourrait m’aider à reconquérir ma dignité. «L’homme à qui il » est donné de souffrir plus que les autres est » digne aussi de souffrir plus que les autres. » N’est-ce point un verset de l’évangile de mon frère ? Il y a donc une élection de douleur. Jean de Scordio, par exemple, est un élu. Posséder un pareil sourire, c’est posséder un don divin. Je pourrais, je crois, mériter ce don... » Telle avait été mon espérance. Par une contradiction avec ma ferveur expiatoire, j’avais espéré une dimi nution de châtiment ! En fait, alors que je voulais me régénérer par la souffrance, j’avais peur de souffrir, j'avais une peur atroce d’affronter la véritable douleur. Déjà mon âme était à bout de forces; elle avait beau avoir entrevu la grande voie et être agitée d’aspirations chrétiennes : eHe se dérobait par un sentier oblique qui menait droit à l’abîme inévitable. En causant avec le docteur, en montrant un peu d’incrédulité pour ses prévisions rassuran tes, en manifestant de l’inquiétude, je trouvai le moyen de lui découvrir ma pensée. Je lui fis en tendre qu’à tout prix je désirais écarter le péril de Juliane et que, si cela était nécessaire, je re noncerais sans regret à ce troisième rejeton. Je le priai de me parler en toute franchise. Il me rassura une seconde fois. Il me répéta qu’il fallait avant tout favoriser et activer la ré génération du sang, reconstituer l’organisme débilité, obtenir par tous les moyens que la mère arrivât au terme naturel de sa grossesse avec des forces restaurées, avec un esprit con fiant et tranquille. H conclut : . -r- Je crois que votre femme a surtout besoin...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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