Extrait du journal

intérêts économiques, comme c’était le cas dans le boycottage des tramways de Tunis? Est-il utile de leur interdire toute critique du régime auquel nous les soumettons et notam ment des privilèges, que. mous entretenons à leurs dépens? Et"pour assurer cés interdictions, est-il utile de maintenir cet arbitraire qui per met, par simple mesure administrative, d’en lever de chez eux et de chasser de leur pays des hommes qui sont venus, s’instruire dans nos écoles et que nous avons laissés s’initier à nos idées et à nos sentiments? Au point de vue humain, il n’y a qu’une réponse : c’est là une besogne de violence et qui ne peut se soutenir que par la force. Au point de vue national, le seul auquel nous voulions nous placer, car l’Histoire ne se fait pas sans violences et il en est que nous considérons comme inévitables, nous ne croyons pas que ce soit ce qui con vienne le mieux à notre pays. Ces jeunes gé nérations indigènes que nous instruisons, nous pourrons pendant quelque temps les faire taire. L’exemple de M. Mohamed Azzedine Kallel, qui a eu le courage de protester dans le premier moment de la terreur dont on a voulu frapper le monde indigène, montre qu’on ne les empê chera pas de penser. Et alors quel avenir nous préparons-nous dans l’Afrique du nord, où nous allons avoir 15 millions d’indigènes à gouverner, si nous, obligeons les gens instruits, qui plus ou moins vite exerceront une in- ' fluence décisive sur cette masse, à tourner leurs aspirations vers d’autres pays que le nôtre?...