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Le Temps, 22 novembre 1871

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Le Temps
22 novembre 1871


Extrait du journal

"On paraît se préoccuper vivement en Allemagne de la proposition faite par la Bavière au Conseil fédéral contre les agitations ultramontaines. Le télégraphe nous a apporté, hier, le texte de ce projet, qui tend à ajouter au Code pénal de l'empire un article additionnel édictant la peine de l'emprisonnement contre tout ecclésiastique qui, dans l'exercice de ses fonctions religieuses, aurait parlé des affaires de l'Etat de façon à troubler la paix publique. On annonce aujourd'hui que la motion bavaroise a été adoptée par les comités du Conseil fédéral, et qu'il n'est pas douteux qu'elle ne soit également approuvée en séance plénière. Cette prévision semble d'autant mieux fondée, qu'on peut tenir pour certain qu'avant de se mettre ainsi en avant, le cabinet de Munich a dû s'assurer de l'assentiment de M. de Bismarck il est peut-être même permis de supposer que c'est à l'instigation du chancelier que la Bavière a pris cette initiative; le ministre prussien, aura trouvé plus habile de faire présenter la proposition par une puissance essentiellement catholique que de s'en charger lui?même au nom de son gouvernement. L'adhésion du Reichstag est acquise d'avance au projet; tout partisan qu'il est du principe de l'Eglise libre dans l'Etat libre, le parti national-libéral, si puissant dans l'Assemblée fédérale, se montre prêt à accepter la mesure, en se retranchant derrière lapression des circonstances :« L'Etat, dit la Gazette nationale, en réponse à un article violent d'une feuille infaillibiliste, la Germania, l'Etat ne peut pas fermer l'oreille à de semblables provocations. Il faudra d'abord essayer d'avertir l'ultramontanisme et. de le ramener à la raison, s'il se peut. Il serait à désirer que ce résultat fût produit par la motion de la Bavière. Mais si ce désir ne se réalise pas, il faudra montrer à l'ultramontanisme qu'en plein dixneuvième siècle il ne saurait être admis à renouveler ses exploits du treizième et du quatorzième. » La lutte est donc sérieusement engagée entre l'unitarisme allemand et le particularisme ultramontain....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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