Extrait du journal

A côté des ruïnèurs relatives à la fusion qui continuent à courir un peu au hasard à travers les journaux, et des bruits incessamment mis en circulation sur les projets constitutionnels tant du gouvernement que des partis parlementair.es pour la reprise de la session, il faut citer, parmi les nouvelles du jour, le récit publié par le Journal des Débats d'un entretien qu'un de ses amis aurait eu récemment avec M. Thiers, au sujet de l'aïltndon éventuel de Rome par le pape et de sa venue possible en France. Le langage que le correspondant des Débats met dans la bouche du président de la république, et dont il garantit le sens général sans en garantir le texte, est important. Il nous semble qu'il est permis, sans trop s'avancer, d'en conclure que tout en étant décidé à faire à Pie IX l'accueil le plus hospitalier, au cas où il songerait sérieusement à quitter l'Italie, le gouvernement français voit très clairement tous les inconvénients qu'entraînerait, moins encore au point de vue de l'intérieur qu'au point de vue international, l'accomplissement d'une telle résô: lu! ion, et que, ne voulant pas essayer de peser directement sur les déterminations du souverain-pontife, il tient cependant à ce qu'il sache et à ce que le public sache également qu'on considère ici comme extrêmement désirable que le chef de la catholicité ne s'éloigne pas du Vatican et cherche à s'accommoder des garanties sérieuses offertes à l'exercice de son pouvoir temporel par le gouvernement italien. Cette manière d'envisager la..situation est certainement fort sensée, et elle fait d'autant plus d'honneur à la sagesse politique de M. Thiers qu'on connaît bien, et qu'il prend d'ailleurs soin de rappeler lui-même dans le récit du Journal des Débats ses anciennes opinions sur la nécessité du pouvoir temporel. Il n'est d'ailleurs pas douteux, quelque grande que dût être la liberté que le président promet au pape pour l'éventualité de son arrivée en France, que même avec Victor-Emmanuel au Quirinal et le Parlement d'Italie tenant ses sessions à Rome, le saintpère ne demeure plus libre au Vatican que partout ailleurs. Il est de l'intérêt du parti clérical de soutenir le contraire mais les Italiens sont trop avisés pour donner seulement une ombre de raison à leurs plaintes et à leurs objurgations....