Extrait du journal

comprendre où il se trouvait et ce qui lui était arrivé, se rendant compte seulement qu’il avait dormi à un endroit inhabituel et à une heure inaccoutumée. Puis, quand il revint à lui, il eut un moment de colère contre lui-même. Encore tout courbaturé, il resta couché, les bras repliés sous sa tête, s’efforçant de se ressaisir. La cause de cette crise était si futile qu’il ne comprenait pas son exaspération, ne se l’expliquant que par le dérèglement de sa santé. Il avait eu besoin d’un papier «érieux et ur gent dont la copie n’avait pas été faite, et cela l’avait agacé au point qu’il avait renvoyé l’em ployé chargé de la copie. Puis, il s’était senti si mal à l’aise qu’il avait. arrêté le premier isvostchik rencontré et s’était fait conduire chez sa sœur. — Hélène?... est-ce toi ? demanda-t-il en en tendant ouvrir la porte de la chambre. — Oui, répondit Hélène Nicolaïewna, entrant et cachant de la main la flamme de la bougie. Comment te sens-tu ? — Bien !... bien! murmura Tchémézof confus; tout est passé... assieds-tbi là ! — Tu m’as effrayée, dit Hélène en interro geant le pouls de son frère pour voir si la fièvre persistait. Je me demandais quel désagrément tu avais pu avoir. Il lui serra la main. — C’est ridicule I Je me suis disputé avec un expéditionnaire et je lui ai dit des choses très dures. Mais... ce n’aurait pas été lui, ç’aurait été un autre! Il est arrivé à un mauvais mo ment... — Je pensais bien qu’il n’y avait rien de sérieux, répliqua Hélène Nicolaïewna avec un soupir de soulagement. Mais... je voudrais te causer... te dire... Il est indispensable de te reposer, d’aller quelque part... tu te rendras malade ! — Quelle folie 1 Je ne peux pas quitter les...