Extrait du journal

La Petite République se félicite que nous pro posions de rechercher les moyens pratiques d’étendre et de fortifier la petite propriété rurale en mettant à sa disposition, au moyen d’un faible loyer, l’outillage perfectionné dont on tire un si heureux parti dans les grandes exploita tions agricoles. Par là, déclare-t-elle, nous nous unissons «intellectuellement» aux collectivistes, Sommes-nous donc à ce point d’accord avec les socialistes T Quel but poursuivent-ils^ au fond, lorsqu’ils affectent de prendre en main la cause de la petite propriété ? L’existence de cette propriété est-elle compatible avec la réali sation de l’idéal collectiviste ? Cet idéal n’im plique-t-il pas la socialisation complète et absolue de tous les instruments de pro duction , et là terre n’est-elle pas un de ces instruments essentiels? Sur ce point, la doctrine socialiste n’a jamais varié. On rap pelait récemment à la tribune de la Chambre une brochure de M. Jules Guesde où il soute nait que l’Etat, à un moment donné, devrait faire la reprise, sans indemnité, de toutes les propriétés, quelles qu’elles fussent, aussi bien des propriétés terriennes que des propriétés in dustrielles. Et d’ailleurs, dans leur campagne actuelle, les socialistes ne nient pas qu’à leurs yeux la conservation de la petite propriété agraire ne doit être qu’une phase transitoire, un moment de l’évolution dont le terme serait l’abo lition radicale de la propriété individuelle. Dans l’entrefilet même de la Petite République, auquel nous venons de faire allusion, il est dit que la socialisation de la terre, réclamée par les collectivistes, ne vise pas, quant à présent, les paysans cultivant eux-mêmes leur propriété. « Quant à présent » n’est-il pas significatif? On respectera pour une durée qu’on ne définit point les petits propriétaires; ensuite, on les absorbera comme les autres....