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Le Temps, 23 mai 1895

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Le Temps
23 mai 1895


Extrait du journal

— Longtemps ? — Toujours I — Au revoir, Alix I — Au revoir, Pierre ! Dans ce nom prononcé pour la première fois, il y avait un accent de vœu éternel. Il comprit qu’elle se donnait pour ne jamais se reprendre, et lorsque la porte se fut refermée sur elle, il demeura un moment devant son rêve disparu comme un homme qui ne sait s’il dort ou s’il veille. Puis, avec ce geste qui dans toutes lès langues traduit le fameux aléa jacta est du Romain, il sauta dans sa voiture et jeta l’adresse au cocher. i , ' A son retour de Beaucliêne, Alix prit la cou tume d’aller toutes les semaines à Fontenay, où elle espérait entendre parler de Marsaune. Il écrivait assez souvent à Mme Duprat qui, malgré le laconisme de ses épîtres, s’étonnait d’être ainsi gâtée. Puis cette correspondance se trouva soudain en défaut sans qu’Alix pût ou osât en manifester de l’inquiétude devant sa vieille amie. Un jour, toutes deux s'occupaient à caser des photographies nouvellement reçues, dans un grand album que Mme Duprat gardait auprès d’elle. — Alix ! Ton portrait n’était-il pas à cette place ? — Mais oui ; il a toujours été là, faisant face au vôtre... aurait-il glissé ? Et aussi sincèrement étonnée que sa mar raine, Alix chercha autour d’elle, regarda à terre, feuilleta l’album. En vain. — Oïl l’a soustrait, c’est évident. Mais qui ? Je ne me rappelle pas l’avoir ouvert depuis le séjour de Marsaune... Mme Duprat s’arrêta sur ce nom, la bouche entr’ouverte, les yeux vastes, regardant Alix qui, la tête baissée, les joues en feu, redressait d’une main fébrile une photographie dans son passe-partout. L’une et l’autre venaient de dé couvrir qui avait soustrait le portrait. Un silence suivit, agité pour Mme Duprat, heureux, pour Alix. De savoir son portrait sur le cœur de celui qu’elle aimait, cela lui donnait une impression de sécurité nouvelle, d’infinie douceur. Soudain la voix de sa marraine se fit entendre presque sévère :...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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