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Le Temps, 24 mai 1895

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Le Temps
24 mai 1895


Extrait du journal

Aussi l’appelle-t-on « le château », dit Mar saune ; on est prodigue ici de ce nom fastueux ; mais le seul vrai château de la région est celui de mes cousins de Fontclair. Sur le seuil, les domestiques rangés respec tueusement souhaitèrent la bienvenue aux jeunes maîtres. Ils avaient été avertis de leur arrivée par télégramme, Marsaune et Alix ayant préféré une entrée paisible à des ovations douteuses, en ces jours où prolétaires et pa trons ne se regardent plus guère qu’avec dé fiance. Aussitôt qu’elle eut pris un peu de repos, Alix demanda à voir la verrerie et Marsaune, passionné pour son art, non moins impatient de montrer qu’elle de voir, s’empressa de la présenter à tout ce monde qui travaillait pour eux. Un rayonnement intense s’échappait des vastes fenêtres et allait glacer d’or la nocturne nappe de la Loire. Devant une dizaine de fours de forme conique, des silhouettes noires se mêlaient, s’agitaient, maniaient des masses en flammées qui grossissaient en leurs mains, in cendiaient l’air de façon fantastique. Peu à peu Alix, d’abord effarée, se fit à ce spectacle étrange et, après quelques explications de Marsaune, elle put suivre le travail du « souffleur » qui opérait non loin d’elle sur la plate-forme du premier four. Celui-ci envoyait dans un long tube de cristal tout l’air amassé dans ses poumons ; au-dessus de sa tête un grand cylindre de feu tournoyait, paraissant presque immobile, tant son mouvement était souple et rapide ; puis, le « manchon » fini, l’ouvrier devait le rouler ra pidement pour le polir sur une table sablée qui était devant lui. Dans ce moment critique, son œil rencontra celui d’Alix et elle le reconnut. C’était cet homme qui était venu un soir à Fon tenay prendre les ordres de Marsaune et avec qui elle lui avait trouvé une si frappante ressem blance. Malheureusement, lui aussi prenait le temps de la reconnaître et soudain, un cri d’alarme retentit à travers les salles. Le cylindre incandescent que ses regards ne surveillaient plus venait frapper son visage et se briser sur ses Dieds...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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