Extrait du journal
jamais quatre heures, dit-il en désespoir de cause. Et une fois de plus, sa montre quitta son gousset. Il était trois heures et demie. Sur la face blan châtre et débonnaire de l’instrument, il abaissa un regard farouche : — Tu n’as pas d’entrailles ; tu n’as pas de sen timent; il n’y a en toi que de petites roues et de petits pivots guindés, méthodiques et routiniers, clamait-il, en demandant à l’invective quelque soulagement. Tu n’as pas plus de cœur qu’un bureaucrate français. T’iinagines-tu, par hasard, que ta compagnie soit réconfortante pour un malheureux qui meurt d’impatience? Il déposa la montre sur sa table rustique, et il attendit pendant une dernière éternité. A quatre heures moins le quart, il passa la rivière. — Tant pis si je suis en avance ! décida-t-il, . de deux maux choisissant le moindre et défiant le destin. Il passa la rivière, et pour la première luis, se trouva sur le domaine de Ventirose, à la place même où elle avait accoutumé de se tenir quand, ils échangeaient leurs réflexions par-dessus l’Aco. Il embrassa d’un coup d’œil rapide sa propre maison et son' propre jardin : pour la première fois, il les voyait; pour ainsi dire, avec les yeux de la duchesse. Il leur trouva un air bizarre, l’air d’appartenir à une époque ré volue, à un hier déjà lointain : borné, le jardin; pauvre et mesquine, la maison à deux éloges, aux stores rayés. En s’en éloignant, il les relé guait à l’arrière-plan de ses affections. Certes, il viendrait à les retrouver, mais alors toutes choses auraient changé de face. Un chapitre aurait été ajouté à l’histoire du monde ; un grand événement se serait accompli; un im mense progrès serait pour jamais acquis. On l’aurait déjà reçu à Ventirose en ami. Il ne serait plus une vague connaissance, redevable de ces relations insignifiantes au petit bonheur des rencontres fortuites. La glace, brisée si l'on veut, mais toujours épaisse, n’aurait que lente ment fondu. Une ère était close ; de ce moment une autre allait s’ouvrir. Hbnry Harlan» IA suivrtX...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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