Extrait du journal

XVII — (Suite). Et voici que le nuage s’élargissait avec une rapidité surprenante. On le voyait s’étendre et s’affaisser, effacer le soleil, envelopper le Gnisi jusqu’au pied, s’élever, en'couronnes de fumée sur les contreforts du Cornobastone, assombrir le saphir du lac jusqu’à la couleur de l’acier bruni, emplir.la vallée entière d’une obscurité qui se mêlait étrangement à un jour blême et douteux. Dans les hauteurs, il était suspendu comme un immense dais de coton couleur de plomb ; à l’ouest; il était bordé d’une frange écarlate,.au delà de laquelle une bande de ciel* clair distribuait à l’horizon une lumière d’un jaune métallique, pareil à du laiton dépoli. A cc moment, dans le lointain, il y eut un grondement grave ; et au bout d’une.minute un grondement plus fort, plus courroucé, comme si le premier avait été une menace dédaignée. * Puis un rude coup de vent, froid, chargé des senteurs de la forêt d’où il partait, dispersant lout devant lui, la poussière, les fejjilles sèches, les pétales arrachés aux fleurs, forçant .les ar bres à geindre et à se tordre comme des géants opposés à d’autres géants invisibles, passant comme un frisson dans l’herbe, plissant la sur lace gris d’acier du lac. Puis deux ou trois gouttes de pluie s’écrasèrent, énormes. Puis un déluge. Pierre grimpa à son belvédère, uno tourelle carrée a quatre fenêtres au sommet de la villa, d où il pouvait contempler l’orage et se réjouir de sa magnificence. L’orage était vraiment Rejproduction. interdite,....