Extrait du journal

Le Parlement danois s'est réuni le 14 août; après avoir tenu deux séances, il a été congé-, dié par le ministre Estrup qui, très cavalièrement et à rencontre de tous les usages, s'est présenté devant le Folkething en habits civils et tout seul pour lui signifier que la session était close. La réunion, à la vérité, était une simple formalité imposée par la Constitution; les élections générales ayant eu lieu le 25 juin, il fallait réunir la Chambre dans le délai de deux mois. A peine le Folkething a-t-il eu le temps d'élire son bureau. M. Berg, le leader de l'opposition au ministère, qui forme l'imposante majorité dans l'Assemblée, a été nommé président. Ce résultat ne pouvait faire doute pour personne et cependant M. Berg avait prononcé, quelques jours avant son élection, de graves paroles au banquet que les libéraux danois avaient offert à M. Sverdrup, le président du cabinet norvégien, amené à Copenhague par un voyage de vacances. Dans son allocution, M. Sverdrup avait fait ressortir la communauté d'aspirations et d'origine qui unit les peuples danois, norvégien et suédois. Que des orateurs, plus ardents que réfléchis, aient pris texte de cette manifestation de sympathies et de bon voisinage pour faire allusion au rêve d'une confédération scandinave, cela n'a rien d'extraordinaire. Ces épanchements inter pocula n'ont point d'importance politique. Mais on peut à meilleur droit s'étonner quand le chef de la majorité parlementaire oublie la réserve commandée par sa situation politique et exprime l'espoir qu'un jour le Slesvig sera rattaché à la patrie danoise....