Extrait du journal

« Il faut vous reposer et ne penser à rien, lui dit l’ouvrière. — Ne penser à rien!» répéta Brigitte avec désespoir. Ap*rès un, moment de réflexion, elle de manda : «C’estvous qui m’avez couchée...je ne me rappelle pas l’avoir fait moi-même. — Oui... vous étiez sur votre lit ; c’est moi et la propriétaire de la maison. Vous n’avez pas à vous inquiéter. Vous êtes entourée de gens qui ne vous feront aucun mal, et'je veillerai sur vous. — Comment vous appelez-vous ? — Mary Wilson. , — Mary Wilson... c’est un nom dont je me souviendrai toujours 1 répondit Mlle d’Eponé avec émotion — Le médecin que nous avons fait venir... — Un médecin 1 interrompit-elle avec un effroi maladif. Pourquoi un médecin I Qu’a-t-il dit? — Que votre état, sans gravité aucune, venait • d’une secousse morale, et que vous irez bien quand vous aurez dormi profondément. Il a or donné une potion, voulez-vous la prendre? .Brigitte accepta sans résistance, et tomba bientôt dans un sommeil qui se prolongea jus qu’au lundi matin. Se sentant reposée, elle se leva, et terminait sa toilette, quand l’ouvrière entra dans la cham bre. — Levée ! — Je suis bien mieux, répondit Brigitte, qui luttait contre la faiblesse. -Mary Wilson regardait avec un intérêt étonné cette Française dont l’apparence distinguée la frappait vivement, beaucoup plus qu’en la soi gnant..' — Je n’aurai jamais assez de mots pour vous remercier, lui dit Brigitte en. lui prenant la main, jamais ! — Un autre eût fait autant-, répondit simple ment l’ouvrière. — J’ignore si on rencontre un bon cœur sur sa route aussi souvent que vous le supposez, mais je sais que je vous dois beaucoup à vous... et que ma reconnaissance ne sera jamais assez -biea exprimée. '* ' ~ *•...