Extrait du journal
Jamais l’amendement Leygues n’a été plus vivement combattu à là Chambre que depuis qu’il est voté. Avant-hier, M. Charles Dumont, député du Jura (mais un peu tard...), se dédom mageait du silence qu’il avait garde pendant la discussion de cet amendement en déposant, vingt-quatre heures après, une disposition, dite additionnelle, qui, loin d’ajouter quelque chose à l’amendement, vise, au contraire, à en détruire l’effet. M. le président du conseil, lui aussi, applique à présent cette étrange tactique, qui rappelle celle des carabiniers d’Offenbach, mais qui est moins inoffensive. Les carabiniers de l’opérette se contentaient d’être inutiles, ceux de la Chambre essayent d’être nuisibles, et ils y réussissent quelquefois. Ce n'est que selon les règles du bon droit qu’ils arrivent trop tard ; en fait, ils en profitent pour tenter de mauvais coups et foncer inopinément sur des adversaires qui ne sont plus en garde. Franchement, puisque M. Combes avait des observations à faire sur l’amendement Ley gues, 11 aurait dû les présenter au cours de la séance où cet amendement fut discuté. Mais alors, il ne daigna pas desserrerles dents. Il laissa son ministre des colonies, M. Doumergue, sup porter seul tout le poids du débat. Il ne posa pas la question de confiance, ce qui signifie qu’en somme il n’a pas vu d’inconvénient majeur au vote de l’amendement. Et c’est au bout de qua rante-huit heures qu’il vient critiquer âprement une thèse qui n’est plus en question, puisque la Chambre l’a adoptée. Le procédé est singulier, et l’on- se demandé jusqu’à quel point il est compatible avec le respect que doit un membre d’un gouvernement parlementaire aux déci sions des représentants du peuple. Cet incident montre que les conditions dans lesquelles se poursuit la discussion du projet de loi ont mis M. Combes de fort méchante hu meur. Il y a bien un peu de quoi : la Chambre manque vraiment d’assiduité et de discipline. Elle inflige au président du conseil l’ennui d’être battu par M. Leygues et par M. Caillaux. Et le célèbre quorum oublie assez souvent d’être là, quand on aurait besoin de lui. Mais M, Com bes ne doit s’en prendre qu’à lui-même." Pour quoi impose-t-il à sa majorité un projet de loi qu’elle, ne désirait nullement et dont elle se serait très bien passée? Comme tous les êtres faibles, cette majorité cédé à la violence, elle ne se risque pas à braver son maître, mais elle se venge en lui jouant sournoisement quelques tours pendables. Il y a pas mal de ménages dont le cas est analogue à celui de M. Combes et de son Bloc. Les maris les plus autoritaires sont peut-être plus souvent trompés que les autres, et les gouvernements les plus despoti ques ne sont pas toujours les mieux servis. Pour abréger une route où M. le président du conseil trouve sous ses pas plus d’épines que...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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