Extrait du journal
lings pour le fiacre. Mais j’ai payé la leçon. Et de nouveau il essaya de rire. — J’ai bien l’honneur de vous saluer, ma dame.* ; — Attendez un peu, fit Mrs. Burgôyne. La pitié s’était emparée d’elle. Ce n’est pas pour rien qu’on vit journellement avec les penseürs. Invisibles derrière le petit homme aux vêtements râpés se tenaient peut-être une femme dans l’attente et des enfants anxieux. Et cet homme avait quelque peu du stoïcien dans sa douleur. — Pauvre garçon! dit Mr. Burgôyne. Allons, laissez-le opérer. — Mon cher ami, que vous êtes bon! Elle pressa la main de son mari dans la sienne. En une seconde il avait compris. Et pensant à lui, elle percevait l’écho des paroles qui toujours résonnaient en elle lorsqu’elle pensait à lui : « Tout comprendre, c’est tout pardonner. » Un seul mot, et il avait compris.' C’est ainsi que ce jour-là on fit infraction à la règle inflexible. Durant ces trois quarts d’heure qui précédaient le déjeuner, il" eût dû s’étendre sur un sofa pour se reposer après la promenade.- C’était la loi immuable de chaque jour. Mais aujourd’hui, voici qu’au lieu de se reposer il fit les honneurs de sa maison, aida l’habile photographe dans sa besogne : d’abord le vestibule. « Ma parole! J’appellerai cela une bien belle pièce », déclara l’heureux visiteur; L’escalier de bois poli, à large rampe et aux marches faciles, et la grande horloge. « Un joli ensemble! » Puis le salon, bas et long, le pla fond à caissops, les gaies étoffes de Perse et les cabinets anciens, derrière les petites vitres desquels brillaient les porcelaines qui récla maient plus de pose. Puis la pièce habitée par le grand homme. « ■ Votre usine, si l’on peut dire, monsieur. Ah! ah! levez ce store de quel ques centimètres de plus. Merci mille fois, monsieur. Allons, voilà qui va mieux. Mainte nant, si vous voulez être photographié avec la pièce, je vais vous prendre près de la fenêtre... C’est à vous à décider, mais je vous le dis carré ment, je me propose de donner cinquante se condes de pose, et il vous faudra rester tout ce temps-là immobile. Très bien! En ce .cas, inu tile de vous retenir. » Alors, remettant à plus tard le. repas de la famille, l’hôte offrit à déjeuner au visiteur dans la salle à manger ensoleillée, et resta assis au près de lui pendant qu’il mangeait et buvait. La tête appuyée sur la main, dans l’attitude carac téristique qui était familière à toute la maison, l’hôte bavarda gaiement; et l’invité, heureux et content, parfaitement à l’aise avec le grand homme, de son côté bavarda, lui aussi, gaie ment. — Quand est-ce, demanda l’invité, que vous autres, messieurs les savants, vous allez nous gratifier de la photographie en couleurs?...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
En savoir plus Données de classification - jaurès
- millerand
- burgôyne
- astier
- pichon
- caillaux
- poincaré
- vaillant
- paul morel
- léon bourgeois
- france
- maroc
- allemagne
- chambre
- ariège
- algésiras
- londres
- vienne
- spencer
- angleterre
- sénat
- comités de patronage
- journal officiel
- association générale des étudiants de paris
- union postale
- comités des habita
- comité de patronage des habitations
- la république
- parlement
- carnets de notes