Extrait du journal

Ce tableau montre que le sucre, sur le marché de Magdebourg, a monté bien avant qu’un mouvement analogue se soit produit sur le marché de Paris. A Londres, la hausse a tardé un peu plus, mais elle s’est dessinée également avec une grande intensité, et, loin de se trouver inférieures au cours de la place de Paris, comme dans les époques antérieures, les cotes des deux grands marchés d’Allemagne et d’Angleterre sont supérieures aux nôtres. Un acca parement effectué par un syndicat français pour rait-il produire de pareils résultats ? La vérité, c’est qu’il y a un déficit dans la pro duction du sucre dans le monde entier et que ce déficit a provoqué, par suite de l’inexorable loi de l’offre et de la demande, une hausse sur les pays de grande production et de grande consommation. La consommation sucrière est évaluée — avec quelque approximation, cela va sans dire — à 5 mil lions de tonnes; 2,700,000 proviennent de la bette rave et 2,300,000 de la canne à sucre. La fabrication du sucre de betterave se fait d’octobre à janvier; . celle du sucre de canno commence, le plus souvent, dans le courant de décembre. Or, lorsque vers la fin du mois de janvier, la fabrication du sucre de betterave étant presque terminée, on calcula la pro, duction du sucre de canne, on constata que les cy clones. et autres perturbations atmosphériques avaient aux trois quarts détruit la récolte de Cuba, do Java et autres très grands centres de production de sucre de canne et que, pour faire face à la con sommation moyenne de l'année, il y avait un déficit de 370,000 tonnes environ. Une raréfaction s’effectua aussitôt sur les dis ponibilités existant dans les pays producteurs, no tamment en Allemagne, où le sucre monta de 10 fr. alors qu’en France, où l’on exporte moins, la hausse n’était que de 2 fr. Que devaient faire nos négo ciants : maintenir leurs prix anciens, favoriser ainsi la spéculation de l’étranger qui aurait acheté à bas prix chez nous pour vendre cher ailleurs, et finalement réduire le stock disponible en France que nous aurions dû racheter ultérieurement à des prix élevés ? Il faut être peu au courant des habi tudes commerciales et, disons plus, des nécessités impérieuses de la vie d’un grand marché de con sommation, pour supposer une telle anomalie. Les prix de France se sont naturellement nivelés sur ceux du dehors, et l’on voit qu’il y a encore un cer tain écart en faveur de la place de Paris. Voilà les faits tels qu’ils se sont produits. Main tenant quel va être le résultat de ces brusques mouvements dans les cours des sucres ? Evidem ment, de larges bénéfices pour quelques commer çants. Il est évident que les intermédiaires qui ont acheté des sucres bruts à bon marché et qui les re vendront cher réaliseront de gros bénéfices. Est-ce la faute du gouvernement ? On sait que, aussitôt sa fabrication, le sucre brut de betterave produit par nos sucriers est acheté par les raffineurs ou par de gros spéculateurs qui, se lon les circonstances plus ou moins favorables à la hausse, le gardent plus ou moins longtemps en ma gasin avant de le mettre sur le marché. Le cultivateur, lui, a vendu, dès octobre ou no vembre, sa récolte de betteraves au fabricant de sucre, et celui-ci, qui ne spécule point, qui a besoin de son argent pour payer les cultivateurs et ses sssaasneg...