Extrait du journal
à lui. Elle respire l’odeur d-u jardin qiui jamais ne fut plus beau et mieux cultivé, car. si Taimi est absent, sa pensée veille; il a chargé les fées de semer le gazon, ,(d’arroser les fleurs, de suspendre aux arbres des fruits précoces et magnifiques: Elles s’acquittent avec, piété de ces soins; elles s’appliquent à devancer les désirs de la jeune aveugle, à charmer sa soli tude. Prunier, dépêche-toi, lorsqu’elle se fatigue De lui tendre ta prune et toi, figuier, ta figue Rougis, ipoirane d'api, du plaisir de la voir; Fleuris jasmin, dès qu’elle a penché l’arrosoir. Et sitôt que son bras léger vers vous s’échappe, Vignes soyez des grains, et grains soyez des grappes. Juliette rêve, parle à son oiseau familier, compte les heures trop lentes. — et les décrit. Elle se remémore le bonheur défunt. Sa plainte sans amertume, empreinte d’une mélancolie un peu apprêtée, évoque les grâces sensibles du dix-huitième siècle français. Sa rob.e grise, ses mains jointes, son visage recueilli, la verdure du parc, la maisonnette blottie sous les roses, évoquent les élégances rustiques des peintres anglais. C’est une idylle de Florian. C’est une estampe de Reynolds. Il lisait merveilleusement. Toutes les brises, Cessaient de respirer. Ma bonne chèvre grise, Se rapprochait de nous. Le petit lapin noir Sans doute pour entendre aussi, venait s’asseoir. Ma colombe, trouvant parfois sa porte ouverte, Souriait ayant peut-être au bec la palme verte. C’était pur comme autour de l’arche de Noé Et Charles, à mes genoux, lisait Ivanhoé. Soudain, la porte s’entr’ouvre; un mendiant s’insinue dans le jardinet, s’approche à pas de loup de Juliette tremblante. Et vous pres sentez. que ce chemineau juvénile n’est autre que-Charles, évadé de sa geôle, ravi, impatient, ivre.de liberté. Yoilà nqs amants réunis, Char les est fidèle et Juliette est heureuse. Miraculeux passé, miraculeux présent, Renverse-toi'sur moi, jeune front de seize ans, Qui m’était aussi cher quand il en avait treize... Douze petits bonshommes,- déguisés en bri gands d’opéra comique, escaladent les murs. Tous les camarades de Charles ont suivi son détestable exemple et pris la poudre d’escam pette, secrètement aidés par le poète Olivier — le minable poète du premier acte — que la du reté des temps a contraint d’accepter une hum ble place de pion. Ils portent en bandoulière douze échelles de corde qui leur permettront d’opérer douze enlèvements. On a remis douze lettres Aux douze balcons tantôt, Et bientôt douze manteaux Seront aux douze fenêtres. Ces mauvais sujets ont vu jouer les Roma nesques, et l’aventure les tente. Leur im moralité n’a d’égale que leur effronterie !...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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