Extrait du journal
moururent. Mon père ne tarda pas à épouser la veuve sur laquelle il avait fixé son choix, main tenant que l’obstacle de l’ancienne inimitié de famille n’existait plus entre eux, et content de savoir sa maison aux soins d’une ménagère, il retourna aux soins papifiques de sa berge rie, qui l’occupaient tout le long du jour. Il ne voulait pas que je fusse pasteur comme lui, nourrissant l’ambition de me voir un jour prê tre ou notaire. J’allais donc à l’école aux heu res de classe, et le reste du temps, je courais le pays, ou je me chamaillais avec ma bellemère, car en dépit de la. réconciliation offi cielle, cette femme gardait, comme beaucoup d’autres, une haine sourde pour l’ennemi d’au trefois, quel qu’il fût, et ne pouvant montrer cette animosité à un époux qui savait se faire respecter, elle trouvait commode de l’exercer sur moi. Tout ce que je faisais était blâmé; je n’entendais que gronderies, menaces ou mau vaises paroles; je ne recevais que punitions, et ses exigences ôtaient sans mesure. Mais j’en prenais et j’en laissais,-étant d’humeur assez indisciplinée, et quand les ordres de ma bellemère me déplaisaient, je ne me gênais pas pour la narguer. Un jour, elle m’avait envoyé à la fontaine avec injonction de revenir sans aucun retard, et je rentrais chargé de deux lourdes cruches, lorsque je vis mon père monter l’escalier de la place avec un homme de Nuoro. Ils parais saient causer avec animation, et plus curieux de savoir ce qu’ils disaient que press? d’obéir aux ordres reçus, je plantai là mes cruches, et arri vant sur la place, j’allai me tapir derrière le banc où s’étaient assis les deux hommes. Ils parlaient si haut d’ailleurs qu’on aurait pu les entendre de la mairie. — Saints et saintes du paradis, (hurlait l’ha bitant de Nuoro, c’est de l’argent que je . de mande, et non de belles paroles. J’ai moi-même un billet à payer, et si je ne reçois pas ce qui m’est dû, je serai obligé de vendre mon cheval... mon bon cheval qui m’a fait gagner douze écus et deux palmes de brocart, l’an dernier, aux fêtes du Rédempteur. Que ma langue se dessè che si je mens! Il ôta son bonnet en faisant le signe de la croix, et je regardai comme lui le mont Orthobene, au sommet duquel la statue du Rédeiïipteur paraissait grosse comme une mouche. — Je les gagnerais encore, ces douze écus, si je pouvais courir cette année, reprit l’homme surexcité et furieux. Faut-il que par votre faute je perde une si belle chance? Que les vers vous rongent les oreilles/...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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