Extrait du journal

BULLETIN DU JOUR M. Crispi a quitté Friedrichsruhe avanthier. Les chroniqueurs italiens ou allemands qui écrivent l'histoire de ses pérégrinations et dont l'un exprimait, l'autre jour, dans la Tribuna le vif regret de ne pouvoir apprendre à la postérité si le premier ministre du roi Humbert avait ou non eu de l'appétit au buffet d'une gare d'Italie, ces consciencieux annalistes ne nous ont pas dit si l'hôte du prince de Bismarck a laissé, cette fois, sur l'album du maître de Friedrichsruhe un souvenir aussi plein d'effusion que l'an dernier. On sait que M. Crispi avait écrit ces mots, demeurés historiques « Je salue en M. de Bismarck l'apôtre de la paix. Je laisse ces lignes en souvenir de moi, Francesco Crispi, dans cet asile du patriotisme où l'on travaille pour la paix européenne ». La forme de cet adieu était incontestablement poncive, et le rédacteur des dépêches du 25 juillet y prouvait qu'il est moins habile, comme l'écrivait, avec une exagération toute méridionale, un journal napolitain, à manier l'encensoir que le stylet, ou, comme nous dirions plus modérément, à écrire dans les albums des riens aimables à la Nigra, qu'à dresser des réquisitoires. Le fond de cette formule n'en était pas moins bon, et il est permis d'espérer que dans l'asile du patriotisme et de la bouche du grand apôtre de la paix, M. Crispi aura entendu quelques sages conseils de nature à le décider à servir les véritables intérêts de sa patrie et à travailler, plutôt que de se lancer dans une aventure comme celle que semblent faire pressentir les renseignements de l'Opinione, que nous publions plus loin, au maintien de la paix européenne....