Extrait du journal

C'est seulement le 4 mars 1881, à midi, que M. Hayes, en ce moment président des Etats-Unis, aura fini ses quatre années de pouvoir et qu'il sortira de la Maison-Blanche pour y laisser entrer un successeur. L'élection présidentielle ne se fera pas avant le mois de novembre 1880 et nous datons encore 1879^ partout ailleurs qu'en Amérique, il serait donc un peu tôt pour acclamerun candidat à la plus haute magistrature du pays. A vrai dire, on a l'habitude, aux Etats-tfnis, de préparer longtemps d'avance le choix du fütu chef de l'exécutif. Les compatriotes. du général Grant semblent pourtant déroger à certaines de leurs traditions en entourant d'hommages extraordinaires un candidat probable, et ils sont, dit-on, à la veille d'y déroger encore plus ouvertement en introduisant dans leurs mœurs politiques un principe qu'ils en avaient jusqu'à présent écarté celui des secondes réélections présidentielles. Après avoir été à Philadelphie le héros de brillantes ovations, le vainqueur de Vicksburg et de Richmond parait décidément choisi par le parti républicain pour monter au fauteuil lorsque M. Ûayes en descendra. Ce serait la première fois qu'un favori de la fortune aurait obtenu aux Etats-Unis les honneurs d'une troisième présidence Washington, en quittant le pouvoir qu'il avait exercé à deux reprises, avait annoncé le ferme dessein de rentrer pour toujours dans la vie privée, et il était mort deux ans plus tard. Depuis ^illustre fondateur de l'indépendance américaine, il y a eu des réélections présidentielles, mais jamais une même personne n'a occupé la présidence plus de deux fois. Lorsqu'en 1875 on parlait d'une troisième candidature Grant, une convention républicaine assemblée à Philadelphie se prononça contre ce projet; le général lui-même en profita pour déclarer qu'il n'était point candidat, mais il parut réserver l'avenir dans des termes où beaucoup de gens trouvèrent à re-...