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Le Temps, 26 février 1908

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Le Temps
26 février 1908


Extrait du journal

— Je ne sais vraiment pas si elle se déciderai articula-t-il. Je n’y.compte... plus guère... Elle demande sa liberté. Il parut ici faire un grand effort mental pour passer à une autre idée : — Nous nous proposons, sa mère et moi, de rester près d’elle... jusqu’à demain. Cela ne vous déplaît pas ? — J’entends bien que vous restiez autant qu’il vous conviendra. Considérez-vous toujours comme chez vous sous mon toit... Je dînerai ce soir on ville. Dans la rue, près de ses parents, il trahit d’une voix sourde sa recrudescence de mépris et de colère : — Me voilà fixé. Et voilà aussi qui me donne raison contre vous. Elle veut être librel... Faut-il, dites-moi, que la malheureuse ait perdu toute pudeur et soit affolée de passion pour ré clamer ouvertement ainsi sa liberté, quand il s’agit pour tout le monde d’une liberté d’adul tère? quand c’est son amant qu’elle réclame sous ce mot-là? Elle n’a plus qu’une idée : se plonger dans son déshonneur!... Evidemment, elle espère m’amener à recourir aux tribunaux ét à divorcer, car je sais qu’elle aspire au di vorce. Elle voudrait épouser l’autre 1 Et vous admettez que je la laisse aller? que je patiente? — Henri, implora sa mère, je ne pars pas le cœur tranquille. Promets-moi de ne pas écouter ta colère. — Ma colère? Non, je te le promets. Tuas été témoin de ma modération vis-à-vis de Ro berte. —- Et vis-à-vis de l’autre? Tu as promis de le laisser de côté. — J’ai seulement promis d'éviter la scandale. Sois sûre, en tout cas, que ja n’obéirai pas à la eolère. Je n’obéirai qu’a mes devoirs de justice et d’honneur. — C’est que, intervint son père, tu ne parles toujours que de droits et de devoirs, et sur un ton qui vous donne un frisson. Prends-y garde! Avec un esprit trop haut monté on n’a boutit qu’à tout détruire et saccager, comme un simple anarchiste... Pourune histoire de jupon, grand Dieu l... Cela ne mérite même pas un duel... Vois-tu, là-dessus, Napoléon, qui est mon homme,-— ajoutale franc cultivateur picard, féru çomme tel d’autorité et plein d’esprit gaulois. —....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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