Extrait du journal

On nous écrit de Bruxelles, 25 mars : La crise ministérielle a bien failli cette fois éclater. Les droites de la Chambre et du Sénat ont tenu, hier et aujourd’hui, une réunion en deux séances. La der nière ne s’est terminée que vers six heures et demie du soir et a finalement abouti, non sans peine, à l'é mission d'un vote de confiance. Dans la séance de jeudi, M. Beernaert avait formel lement posé la question de cabinet, et, malgré la gra vité de cette déclaration, dont les conséquences s'im posaient à tous — une dissolution des Chambres, dans ces conditions, devant évidemment être fatale a la droite — le chef du gouvernement avait rencontré une résistance très vive au sein de la majorité, qui ne voulait absolument prendre aucun engagement pour les prochaines élections de la Constituante. Il no s’agissait même de rien moins que d’établir la plate forme électorale sur la question du referendum et de la faire repousser d’avance par toutes les associations conservatrices du pays, où l’opinion des adversaires du referendum se trouve prépondérante. Le soir même, cette opposition avait été violemment accentuée dans les principaux organes de la presse cléricale. M. Beernaert et M- Lejeune, le chef du cabi net et le ministre de la justice, qui assistaient à la première séance, ne sont pas venus à la seconde. Us s’étalent rendus au palais du roi pour conférer avec celui-ci, pendant que la droite délibérait. Après discussions et tergiversations, la droite a fini par céder, mais de mauvaise grâce et à une majorité restreinte, à voter un ordre du jour de confiance dans...