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Le Temps, 28 mars 1892

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Le Temps
28 mars 1892


Extrait du journal

L’EXPLOSION DE LA RUE DE CLICHY SIX BLESSÉS ’ . Au moment où la préfecture de police pensait tenir les auteurs des différentes explosions qui se sont produites dans les quartiers Saint-Germain et Saint-Gervais, un attentat beaucoup plus terrible que les précédents et dans lequel, cette fois, quelques personnes ont été blessées, a été commis ce matin, a huit heures, dans l’immeuble qui fait le coin des rues de Berlin et de Clichy et qui porte le numéro 39 de la rue de Clichy et 2 de la rue de Berlin. Voici, du reste, la description des lieux : Rue de Clichy, à gauche de la porte cochère, se trouvent deux boutiques, l’une occupée par -un. re lieur, l’autre par M. Fournier, pharmacien ; cette dernière s’ouvre en môme temps sur la rue de Ber lin, à droite, est une autre boutique, celle d’un mar chand de volailles. La loge de la concierge est située à di’oite, dans le vestibule de l’immeuble. En face de la loge et à gauche, s’élèvent l’escalier de service et celui des maîtres presque contiguës et seulement sé parés l’un de l’autre par une épaisse cloison. Au fond du vestibule, sur lequel prennent accès les deux escaliers, est une porte vitrée qui s’ouvre sur une petite cour limitée par un mur peu élevé et mitoyen à la cour de l’immeuble portant le n° 4 de la rue de Berlin. C’est dans la cage du grand escalier, situé près de cette cour, que l’engin explosible a été déposé dans la matinée, sans que l’attention de la concierge ou des locataires ait été éveillée. Il était huit heures précises quand l’explosion s’esLproduite. A cette heure, la plupart des locataires des mai sons portant les numéros 2 et 4 de la rue de Berlin, et 39 de la rue de Clichy, étaient encore au lit. Tout à coup une détonation formidable retentit ; ' elle est accompagnée presque immédiatement d’une grande lueur qui peut faire croire un instant que tous ces immeubles vont s’abîmer dans le foyer d’un incen die, et elle est suivie aussitôt d’un grand bruit d’é croulement et de nombreux cris d'épouvante. Les locataires qui habitent le rez-de-chaussée sortent avec précipitation en poussant des clameurs. Tous ceux qui occupent les étages se mettent aux fenêtres en appelant « Au secours ! » de toutes leurs forces. Ils sont livides et comme affolés. Mais rien ne saurait donner une idée de l’effroi éprouvé. Toutefois, la terreur fait bientôt place à l’indignation, et l’on entend alors de tous côtés des personnes qui s’écrient : « Ah ! les canail les! » Car, avant qu’on ait pu se rendre compte de la cause de cette explosion, la pensée vient à tous les esprits qu’elle est l’œuvre des anarchistes. Le premier moment de stupeur passé, on songe à prendre les mesures de sauvetage que nécessite ce lamentable événement. C’est un groupe de jeunes gens appartenant à une société d’instruction mili taire,- les Francs-Tireurs des Batignolles, qui, les premiers, vont donner l’alarme et prévenir les pom piers.. Ces jeunes gens rentraient à. leurs domiciles...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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