Extrait du journal
PRINCIPES Il est excellent que, dès les débuts d’une lé gislature, les groupes formés à la Chambre dé finissent leurs principes directeurs. L’orienta tion générale de leur politique étant ainsi con nue, l’opinion publique aura moins de peine à distinguer, parmi les lois innombrables qui s’apprêtent, celles qui répondent aux conditions réelles du progrès démocratique et social, et celles qui, au contraire, en dépit des intentions les meilleures, iraient à l’encontre de ce pro grès. Aussi doit-on savoir beaucoup de gré à un groupe intitulé groupe du « parti républicain socialiste », pour la déclaration qu’il vient de publier. Elle permet d’apercevoir et de signa ler tout de suite un redoutable péril1, celui d’une réaction contre les principes fondamentaux de la Révolution française, qui, en proclamant le§ Droits de l’homme et du citoyen, a ouvert un champ illimité aux justes espoirs populaires d’améliorations croissantes par. le libre dévelop pement des forces individuelles, La déclaration faite au nom du « parti républicain socialiste » met, tout d’abord, en dehors et au-dessus de tout débat ce qu’elle appelle « la forme démocratique ». Nous di rions plus volontiers — et le terme nous sem blerait plus net — « la République ». Mais il n’est pas douteux que les affiliés au groupe ne soient de sincères républicains. Donc, on peut s’en tenir à l’expression qu’ils ont choisie ; seu lement, quel en est pour eux le sens exact i? La suite le dit immédiatement. Il est affirmé — et posé comme « principes » — que « la loi, dans un intérêt national supé rieur, impose nécessairement une limitation de l’activité de chacun ». Or, si l’on tenait désor mais pour vérité cette assertion, toute l’œuvre émancipatrice voulue et préparée par la Révo lution française serait irrémédiablement com promise. Un recul formidable s’ensuivrait. Lorsque Condorcet, parlant au nom du co. mité de constitution élu par la Convention Na tionale, précisa — c’était le 15 février 1793 — les rapports des citoyens de « l’association na tionale », il visa bien une limitation, mais la limite prescrite l’était vis-à-vis des «autorités sociales ». . Elle était établie afin d’assurer la résistance aux « entreprises » de celles-ci. Le pacte im posé à chacune de ces autorités avait pour objet le maintien des droits de l’individu. Il devait être « un puissant bouclier pour la li berté, pour l’égalité, et eh même temps un guide sûr pour diriger les citoyens dans leurs réclamations ». A peu de temps 'de là — le 21 avril 1793 (les dates, ici, ont leur intérêt), — un projet de dé claration des Droits de l’homme et du citoyen était adopté par la Société des Jacobins, sur la proposition de Robespierre; et il y était dit, à l’article premier : Le but de toute association politique est le maintien des droits naturels et imprescriptibles de l’homme et le développement de toutes ses facultés. Quant à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen votée par la Convention natio nale le 29 mai 1793, voici le principe souverain qui y fut inscrit : Article premier, — Les droits de l’homme en société sont l’égalité, la liberté, la sûreté, la propriété, la garantie sociale et la résistance à l’oppression. L’article 24 ajoute ceci : La garantie sociale des droits de l’homme consiste dans l’action de tous pour assurer à chacun la jouis sance et la conservation de ses droits. ! Cette .garantie^reposç-Æur.la souveraineté nationale....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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