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Le Temps, 28 mars 1886

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Le Temps
28 mars 1886


Extrait du journal

(Service Havas) Bruxelles, 27 mars. Le conseil des ministres s’est réuni hier soir. Le bourg mestre de Bruxelles y assistait. A la suite des décisions prises, la garnison de Bruxel les-a. pris ses mesures pour partir pour Charleroi au premier signal. La garde civique ferait en partie le service de la gar nison. Charleroi, 27 mars, 9 h.^matin. A Roux, la troupe a fait feu, tuant cinq grévistes et en blessant un grand nombre. Beaucoup de maisons de campagne et de châteaux sont incendiés. On réclame des troupes à Marchienne et à Roux. Un grand nombre d’arrestations ont été opérées ; beaucoup d’étrangers se trouvent parmi les individus arrêtés. Les grévistes, armés de bâches et de gourdins, enga gent des combats avec la troupe. Us menacent la ville, qui est défendue par la garde civique. Les dégâts sont immenses. Les grévistes versent du pétrole pour incendier. Charleroi, 27 mars, 10 h. 15, matin. Cinq châteaux ont été brûlés la nuit dernière, après avoir été pillés et dévastés. La verrerie Baudoux, à Jumet, qui occupait, 2,000 ou vriers, n’est plus qu’une ruine. Les verreries Sadin, de Dorlodot. Devillez, Jonet et Mondron sont complètement dévastées. Après un premier pillage, les grévistes sont revenus pour achever leur œuvre de destruction. Les dégâts sont évalués à plus de 5 millions. Charleroi, 27 mars. 10 h. 1/2. Les soldats partent dans toutes les directions; des renforts arrivent. Une foule énorme circule en ville, où il règne une grande panique ; les magasins ferment. Des secours sont réclamés avec insistance dans plusieurs directions. (Dépêche de la Nouvelle agence). Bruxelles, 27 mars, fl b. 22. Les émeutiers du district de Charleroi menacent de faire sauter les gazomètres. Les troupes ont été renfor■ cées; elles sont commandées par le lieutenant général Vandersmissen. Ordre a été donné aux troupes défaire feu sans pitié si elles sont attaquées par les émeu tiers....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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