Extrait du journal
facilité des textes subtilement interprétés peuvent encore lui permettre de mettre l’arbitraire dans la légalité. Non! lé seul crime de la Chambre dissoute, c’est d’a voir aimé la république, d’avoir voulu la maintenir à toüt prix, et d’avoir signalé, nous ne pouvons même pas dire combattu, les empiétements de la politique cléricale. Encore ces démagogues ont-ils augmenté lé budget du clergé de plusieurs mil lions 1 Et qu’ont-ils fait depuis le 16 mai, ces démagogues si dangereux ? Ils ont laissé le gouvernement se livrer sans scrupule à une véritable débauche de suspensions et de destitutions. A peine se sont-ils plaints qu’un ministre de la justice, si sévère aux feuilles républicaines, les laissât menacer de la trique, les fît lui-même, dansleRw/Zetin des Communes, poursuivre des plus odieuses calomnies; ils ont, avec une con fiance absolue dans l’opinion du pays, at tendu la date des élections, désavoué toute tentative de violence, et maintenu par leur attitude une tranquillité que d’au tres peut-être auraient mieux aimé voir troubler. Aujourd’hui ces démagogues montrent la même fermeté tranquille : les électeurs sont convoqués ; ils s’adressent à eux sans employer ni menaces ni séductions. Ils n’ont d’espoir, pour vaincre, que dans le patriotisme du pays et dans la bonté de leur came. La lutte qui va s'engager ne doit pas avoir pour objet, au moins provi soirement, le maintien ou le renversement de la république. Le maréchal a" promis de la faire respecter, et il croit sans doute qu’il lui serait possible de tenir sa parole dans le cas où la victoire resterait à ses candidats, tous choisis parmi les adver saires les plus acharnés de la république. Nous ne partageons pas cette confiance ; nous croyons au contraire que le torrent de réaction si imprudemment déchaîné entraînerait le maréchal lui-même, s’il essayait de l’endiguer. Mais peu importe, les intérêts engagés aujourd’hui dans les élections ne sont pas moins grands que si la république elle-même était menacée. Il s’agit en effet de maintenir contre les prétentions du pouvoir personnel la souve raineté de la nation à qui on refuse le droit de faire entendre sa voix, il s’agit de maintenir le régime parlementaire et ces institutions libérales aujourd’hui si juste ment chères à tant de nations. Ce n’est pas là de la démagogie. On n’est pas un démagogue pour vou loir l’application exacte du régime parle mentaire, pour se souvenir des principes proclamés en 1789 et conquis au prix d’un sang si précieux, pour penser qu’après Waterloo et Sedan, il serait dangereux de laisser rétablir un despotisme que ne pro tège pas la reconnaissance due à une ad ministration habile, ni à d’éclatantes vic toires. Le mot démagogie a paru heureusement trouvé. Il est comme ces monnaies qui, pour avoir passé dans trop de mains, finis sent par perdre toute leur valeur. Il a au jourd’hui exactement la même autorité que la tarie à la crème du marquis de Molière. La Gazette de France nous prend aigre ment à partie au sujet de l’article où nous réfutons la doctrine erronée de M. de Broglie sur le dépôt légal des écrits électoraux. A défaut de preuves juridiques contrai res, ce journal prodigue s,es épigrammes les plus acérées au «jurisconsulte du Temps »; mais elle oublie de dire que ce jurisconsulte, qui aurait tort sans doute...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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