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Le Temps, 29 septembre 1877

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Le Temps
29 septembre 1877


Extrait du journal

sin de velours noir à crépines d’argent.. Le maître des cérémonies venait ensuite devant le bureau du Corps législatif, ,une douzaine de députés désignés par le .sort, ayant au milieu d’eux la. grande taille du Nabab dans l’étrenne du costume officiel, comme si l’ironique fortune avait, voulu don ner au représentant à d’essai un avant-goût de toutes les joies parlementaires. Les amis du défaut, qui suivaient, formaient un groupe assez restreint, singulièrement bien choisi pour mettre à nu le superficiel et le vide de cette existence de grand personnage réduite à l’intimité d’un directeur de théâtre trois fois failli, d’un marchand de tableaux enri chi par l'usüre, d’un gentilhomme taré et de quelques viveurs .et boulevardiers sans re nom. Jusqüe-là tout le monde allait à pied et tête nue ; à peine dans le bureau parlemen taire quelques calottes de soie noire qu’on avait mises timidement en approchant des quartiers populeux. Après, commençaient les voitures. ' • A la mort d’un grand homme de guerre, il est d’usage de faire suivre le convoi par le cheval favori du héros, sou cheval de bataille, obligé de régler au pas ralenti du cortège cette allure fringante qui dégage des odeurs de poudre et des flamboiements d’étendards. Ici ie grand coupé de Mora, ce « liuit-ressorts» qui le portait aux assemblées mon dantes ou '.politiques, tenait là place de ce compagnon des victoires, ses panneaux ten-: dus de noir, ses lanternes enveloppées de longs crêpes légers flottant jusqu’à terre avec jo ne sais quelle grâce féminine ondulante. C’était une nouvelle mode funéraire, ces lan ternes voilées, le suprême «chic» du deuil; et il seyait bien à ce dandy de donner une dernière leçon d’élégance aux Parisiens ac courus à ses obsèques comme à un Longchamp de la mort. Encore trois maîtres de cérémonie, puis venait l’impassible pompe officielle, toujours la même,'pour les mariages, les décès, les baptêmes, l’ouverture des Parlements ou lès réceptions do souverains, l'interminable cor tège des carrosses do gala, étincelants, larges glaces, livrées voyantes, chamarrées de dorrures, .qui passaient au milieu du peuple ébloui auquel ils rappelaient les contes de fées, les attelages de Cendrillon, en soule vant de çês « Obi » d’admiration qui montent^...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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