Extrait du journal

aujourd’hui, ayant laissé se créer ce précédent défavorable ? Pourquoi ne voteriez-vous pas l’installation de votre président et de votre syn dic dans l’immeuble municipal? La motionaau moins le mérite dé l’originalité. Elle est illé» gale, mais elle ne l’est pas plus que les autres, et elle l’est franchement. Si nous la mentionnons, d’ailleurs, c’est surtout pour montrer que le groupe des Droits de Paris a peu de chance de réunir l’unanimité pour sa campagne de résis tance. Les compte rendus s’accordent à dire que les conseillers réunis hier ont opéré des fouil les dans les archives de la Ville, espérant sans doute trouver des textes et des précédents à l’appui de leur thèse; on ajoute que cette en quête a trahi leurs espérances, car le seul document, non encore produit dans le débat, qu’ils aient réussi à découvrir est précisément celui dont nous avons fait connaître les termes et qui vise expressément, dans le projet de re construction de l’Hôtel de Ville en 1872, le loge ment particulier du préfet. Le terrain légal manque donc sous les pieds de nos édiles ; nous le savions, et ils le savaient aussi bien que noüs ; mais les prétextes mêmes font défaut. Il ne resterait que la question d’opportunité : le gouvernement a-t-il tort ou raison de régler cette question en ce moment ; peut-on l’accuser de procéder brusquement, ab irato, de se livrer à une véritable provocation vis-à-vis du Conseil? Voyons un peu : le gouvernement aurait pu installer le préfet à l’Hôtel de Ville dès que cet édifice a été terminé, et les incidents actuels prouvent, s’il était nécessaire, qu’il l’aurait dû. Tantôt par crainte de conflits chimériques, et dont il lui était en tout cas facile d’avoir raison, tantôt par esprit • de transaction visà-vis de certains groupes de la Chambre, il a constamment ajourné une échéance qu’il sa vait cependant inévitable. Nous avons le droit de taxer de faiblesse les ministres qui se sont prêtés à cet abandon de leurs prérogatives ; mais le Conseil municipal est mal venu à parler de violence quand cet état de choses va prendre fin. Le cabinet n’a .même pas pris une délibéra tion spéciale pour cet objet, et il n’aurait rien fait si le ministère des colonies n’avait pas été volé par le Parlement. Dans la note qu’il paraît avoir inspirée à l’agence Havas, il a tenu à bien marquer ce point, en quoi, s’il y avait un repro che à lui adresser, ce serait plutôt d’apporter des ménagements de forme excessifs à cet acte légitime et nécessaire en soi. Le pré fet aurait pu coucher le soir même à l’Hôtel de Ville, nous trouvons même qu’il l’aurait dû. Est-ce une provocation de sa part que d’avoir pris le train avant-hier et d’annon cer son retour dans une quinzaine de jours seu lement, abandonnant en quelque sorte l’Hôtel de Ville aux conseillers municipaux qui y déli bèrent en ce moment? Est-ce aussi une provo cation de la part du ministre que de laisser se tenir dans le cabinet du président une réunion manifestement illégale, puisqu’elle a lieu hors session, créant ainsi un précédent qui pourrait devenir dangereux dans un moment de trouble? Nous n’apercevons dans tout cela que des mé nagements auxquels le Conseil va répondre peut-être par des violences. Il sera bien établi en ce cas — et ce serait alors la justification de l’attitude du ministre et du préfet dans cette affaire —que tousJes torts de fond et de forme incombent au Conseil municipal seul....