Extrait du journal
; monieux, l’arrangement de leurs sons ! flatte, émeut, transporte, en dehors de | l’idée, qui souvent est fausse on déplaît, j Iis ont une accentuation qui leur est particulière ; ils vivent, pour ainsi dire, d’une vie propre, intime, toute pleine de ressorts mystérieux, qu’il faut avoir étudiés longtemps, pour en sentir la variété et la force. Je suis convaincu qu’à moins d’un goût naturel exquis, jamais un homme ne dira bien les vers, qui n’en aura pas fait beaucoup luimême, fussent-ils les plus exécrables du monde. Au théâtre, où l’on est censé parler comme dans la vie, il est clair que l’ex pression de l’idée et du sentiment doit être le premier soin du comédien. Ce n’est pas qu’il ne soit bien cruel à une oreille sensible d’entendre dire de beauxvers, comme si c’était de la prose. Ah! que de fois j’ai enragé contre ce système de diction, qui décore les plus belles phrases de Corneille ou de Racine, et les rend semblables au patois de Scribe. C’est de M. Legouvé que je tiens cette anecdote. Mlle Rachél venait de jouer Phèdre, et elle demandait à quelques amis comment on l’avait trouvée. Elle n’aimait pas beaucoup les conseils ; mais elle les écoutait. Et quelqu’un lui dit qu’elle ne faisait pas assez sentir la beauté parfaite de certains vers, leur ampleur merveilleuse de son, et on lui cita pour exemple ; Ariane, ma sœur, de quel amour blessée, Vous mourûtes aux bords ou vous fûtes blessée! — Eh bien ? mais, disait-elle, c’est une plainte, et je lui donne Je ton de la plainte, une plainte emportée, et j’y ajoute le ton de l’emportement. — Oui, sans doute, mais c’est une plainte en vers, et quels vers ! avec quelle harmonie lugubre ils se prolon gent sur une rime féminine. Si vous ne trainez pas un peu sur le son qui ter mine la phrase poétique, tout l’effet est perdu. Si. vous ne donnez pas une im portance énorme à chacun de ces ac cents, qui scandent ces deux vers, et les étendent, par la magie du son, vers des perspectives infinies, vous avez rendu la...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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