Extrait du journal
(Renseignements particuliers du Temps. Mardi, 29 novembre. Ce n’est pas le jour d’écrire. L’action, l’action suprême est engagée. J’ai à peine le temps d’envoyer ces quelques figues. Hier, toute la journée des masses se sont formées au midi de Paris, entre l’en ceinte et les forts. L’artillerie,arrivait en core cette nuit. Il en a passé même le matin, avec* de la cavalerie. Mais c’est à deux heures du matin que l’œuvre a com mencé. Jamais nos forts au midi, celui de Montrouge et celui de Villejuif surtout, n’ont tiré tant de coups, et des coups si violents. Vers quatre heures, un certain ralentis sement du feu donnait lieu de croire que nous n’avions encore fait que préparer le théâtre de la guerre èn fatiguant une fois de plus l’ennemi dans ses cantonnements et en l’empêchant d’ajouter quoi que ce soit à ses defenses. Mais bientôt les déto nations ont repris de plus belle, et à l’aube, il n’était plus possible de douter de l’importanoe du combat. Il était même à craindre, tant le bruit se rapprochait, que nous n’eussions été re poussés. Dès sept heures, la circulation élait interdite sur l’avenue de Montrouge, à partir de l’église.Eu m’avançant, je voyais les obus du fort éclater dans le ciel gris. La fusillade était à peu près nulle. Repoussé des portes par une inexorable consigne que j’espère bien faire lever tout a l’heure, j’étais vers neuf heures et demie à celle d’Italie, où je supposais que les mouvemens seraient plus significatifs.La canon cessait peu à peu de se faire entendre : on annonçait dès lors que nous marchions en avant, *que l’Hay avait été enlevé sans que l’ennemi fît beaucoup de résistance. Je me suis porté aussitôt du côté deCharenton pour voir de flanc les hauteurs de Villejuif et de Vitry, et découvrir ce que je pourrais de la lutte dont Choisy devait être la scène. Villejuif rie tirait pas, ni Ivry, ni le Mouiin-Saquet non .plus, et on ne voyait rien d’extraordinaire du côté de Choisy ; mais le ciel était très couvert. Les canonnières avaient, de très bonne heure, remonté la Seine, pour aller atta quer par le bas les positions '.qui, une fois tombées dans nos mains, nous assurent la ligne d’Orléans. Charentoft et Nogent qui, dans la nuit, avaient beaucoup tiré, ne se faisaient plus entendre. J’avoue que tant de silence m’a surpris et inquiété; mais, en revenant vers Bicêtre, j’ai vu que personne ne doutait d’un premier succès; A onze heures, moment où je quitte les lieux pour me procurerle moyen de sortir de Paris et de rester cette nuit dehors, il n’est encore rentré que peu de blessés, et ils disent que l’action se poursuit à la baïon nette. Signe qui me parait heureux, je vois ve nir, en rentrant, une voiture chargée de fils télégraphiques. C’est évidemment pour re lever nos communications du chemin de fer. Je n’ose y croire aujourd’hui autant qu’hier parce que, aujourd’hui, l’épreuve décisive fait trembler le cœur le plus fer me, mais il se pourrait vraiment bien que nous ayons toujours eu trop peur de mar cher en ayant. Il faut dire que nous n’a vions pas les armes|qui sont maintenant en nos mains. Mais je n’en puis dire davantage, et ce qu’il reste de jour, il faut l’aller mettre à...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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