Extrait du journal
table des matières du fameux recueil Barodet, ils ! sont réellement et sympathiquement jeunes. Car il ne parait point, d’ailleurs, qu’ils le soient tous d’une façon bien authentique quant à l’état civil. Dans la liste des personnalités marquantes du congrès, on aperçoit des noms d’écrivains que l’on connaît — si l’on a des connaissances étendues — depuis une douzaine d’années. Comme on n’écrit pas, même dans les petites revues d’avant-garde, au sortir du berceau, ces jeunes-là se trouvent avoir passé la- trentaine. Eh ! ce n’est pas la décrépitude. Mais quand une soubrette de Molière conseille à la fille de ses maîtres de n’épouser qu’un jeune hom me, elle veut dire un garçon de vingt ans. Et un héros d’une comédie d’Augier, au tableau des per sonnages de la pièce, est qualifié par ces mots : « Vieux débauché, trente ans. » On ne doit pourtant pas chicaner là-dessus cp congrès. La vérité est que notre époque a complè tement brouillé la signification, jadis étroite, de ce terme de « jeunesse ». La jeunesse aujourd’hui n’a presque plus de bornes pour les femmes, grâce au progrès des arts du costume et annexes. Elle n’en a plus du tout pour les hommes. Elle n’a plus que: celles do la santé et du caractère. Un hommo est jeune tant qu’il se porte bien, qu’il est actif et gai. C’est pourquoi de verts et joviaux sexagénaires sont considérés comme plus jeunes que certains penseurs mélancoliques et dyspeptiques, qui ont vingt-cinq ans. C’est une belle victoire de l’esprit sur la matière. Quant aux artistes et -aux littéra teurs, il est entendu qu’ils sont « jeunes » tant qu’ils n’ont pas obtenu de succès décisif. Un confrère que Henry Becque, grisonnant, avait attaqué,, riposta en l’appelant le « doyen des jeunes ». Enormément de poètes meurent « jeunes », aux âges les plus avancés. • Les congressistes de la. mairie Saint-Sulpice ont donc tous les droits à se dire « jeunes », puis qu’ils ont la foi, le feu sacré. Ce qui est un peu ex cessif, c’est de s’intituler congrès de la jeunesse. A n’importe quelle époque, la jeunesse, c’eût été beaucoup. De notre temps, c’est infini. Comment un congrès peut-il représenter la jeunesse, toute la jeu nesse, celle de tous les milieux, de toutes les opi nions et de tous lés âges ? Congrès de la jeunesse, que voilà un titre démesuré ! La mégalomanie des titres, c’est un des petits travers inoffensifs, mais vraiment comiques, le plus répandus aujourd’hui. Ainsi à l’Exposition, un pavillon contenant un théâtricule de marionnettes, une buvette et quelques bibelots insignifiants, s’appelait « Palais de la femme ». Chacun veut être le seul, l’unique, tout, absorber, tout avaler. C’est le style de la réclame qui se généralise. Comme le public n’est pas dupe, le mal n’est pas grand et il suffit d’en sourire....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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