Extrait du journal
La première séance de la Cour de cassation s’est tenue avec la solennité et dans le calme ab solu qui conviennent aux assises de la justice. Comme nous l’avons toujours soutenu, la paix a commencé à se faire à partir de l’heure où cet arbitre souverain a commencé à parler. Après la découverte du faux Henry, dont nous connais sons aujourd’hui, à l’honneur de M. Cavaignac, le tragique procès-verbal, la révision pa rut à tous les hommes de sens, à tous les con servateurs libres d’esprit, comme le seul moyen capable de mettre un terme à une agitation dangereuse et à des polémiques enragées. L’é vénement est en train de leur donner raison, à la fois contre les fauteurs des passions antisé mites ou illibérales et contre les fauteurs des passions révolutionnaires. L’affaire Dreyfus achève enfin d’échapper aux mains de ceux qui semblaient y chercher avant tout un prétexte ou une arme politique et rentre dans la voie judiciaire, la seule où elle puisse et doive trou ver la solution qu’elle comporte. L’opinion publique est prête à accueillir avec confiance et en toute tranquillité le verdict de la Cour de cassation, quel qu’il soit. Les faiseurs de tapage, les organisateurs de manifestations violentes ont compris — et nous les en félici tons — que l’heure de leurs exploits était passée et qu’il fallait mettre un terme à des violences inutiles et à des protestations désormais sans raison. Le caractère des magistrats qui siègent à la cour suprême, autant .que leur indiscutable compétence, sont de nature, en effet, à décou rager le soupçon ou l’injure. Quoiqu’ils déci dent, après une mûre et paisible délibération, il faudra s’incliner. Il faut, en outre, remarquer qu’hier la Cour n’a pas songé à proclamer le huis clos. Elle n’a pas voulu opposer seulement une sentence nou velle délibérée en secret à celle d’un tribunal militaire également secrète. Entre les deux, l’o pinion publique aurait pu hésiter. La Cour exa mine l’affaire toutes les portes ouvertes et sous l’œil du public. C’est le public lui-même, écrit M. Cornély, qui, dès lors, va juger. Au fond de chacun de nous, il y a un juge dont les arrêts nous lient. C’est ce juge qui siège aujour d’hui. C’est lui qui proclamera la vérité ». On ne saurait dire ni mieux ni plus court, et nous nous bornerons à ces seules réflexions, en attendant le dénouement désormais nécessaire ment pacifique qui ne saurait tarder....
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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