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Le Temps, 30 octobre 1898

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Le Temps
30 octobre 1898


Extrait du journal

L’AMBITION DU POUVOIR Dans les crises ministérielles qui reviennent si souvent parmi nous, on observe, chez nos hommes politiques les plus en vue, un senti ment que l'on comprend très bien au point de vue de leur repos personnel, mais non à celui des exigences d’un gouvernement démocratique et parlementaire. Les uns affectent un dégoût insurmontable dés ennuis et des misères du pouvoir; les autres un détachement absolu de ses avantages ou de ses vanités. L’effet de ces dispositions est d’amener un absentéisme sys tématique de la vie politique effective, quelque chose qu’on pourrait nommer la grève des hommes d’Etat. En vérité, ce sont là des senti ments de moines ou de philosophes, non d’hom mes qui briguent les suffrages de leurs conci toyens, et s’engagent par le fait seul qu’ils les acceptent, à ne pas refuser au pays les services que le pays attend d’eux. Avoir l’ambition du pouvoir n’est pas seule ment une chose légitime, c'est, dans une démo cratie parlementaire, une chose obligatoire pour les hommes politiques. S’ils ont pris un siège au Parlement, ce nest pas uniquement pour s’y asseoir et s’y reposer. C’est un poste de combat. Ils ont une opinion qu’ils doivent , défendre et faire triompher. La tendance de toute opinion politique sincère, c’est de se traduire dans les faits, et elle ne se peut réaliser que par des lois et des réformes ou par l’exercice de l’action gou vernementale. On peut donc n’avoir aucune ambition pour soi ; il n’est pas permis de n’en pas avoir pour les opinions et pour le parti que l’on représente. Le désintéressement à cet égard ressemble de trop près à la désertion du devoir. En tout cas, une démocratie en travail d’orga nisation comme la nôtre ne peut se contenter de serviteurs inutiles ou dégoûtés. Il lui faut des hommes forts, des soldats que la lutte ne terrifie pas, des citoyens en un mot, capables de sup porter avec indifférence la pluie, le vent, la neige, les chaleurs et les orages de la vie pu blique. Nous sommes les premiers à reconnaître com bien les luttes politiques sont accompagnées de...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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