Extrait du journal

VII 11 descendit à terre, en civil, gagna le quai du Parti. Il n’était jamais monté chez Angèle. Il sonna à la porte du corridor. — Qui demandez-vous ? cria-t-on du haut de l’escalier. ... — Madame Angèle, la femme du quartiermaître? — C’est ici, mais elle est sortie. - C’est bien ce qu'il espérait. Il monta. L’hum ble intérieur disait le travail, la propreté déli cate, la misère et le courage. Une grande fillette, commise à la garde de la grand’mère et du pe tit, le reçut : — Que voulez-vous, monsieur? — Je viens de la part d'une damé, voir Mme Angèle... J'aurais voulu lui parler à elle-même.... Je reviendrai... Puis, d’un ton négligent : — C’est son enfant, ce joli gaillard? — Oui, monsieur. . Le petit Jean-François, un doigt dans la bou che, le front baissé, regardait le monsieur d’un œil défiant. — Viens me donner le bonjour, mon petit. Jean-François approcha. L’officier le prit sur ses genoux, saisit doucement la petite tête en tre ses deux mains, la regarda un long mo ment. L’idée que cette jolie créature pouvait être faite de sa chair, le troubla. Tout le préparait à le croire. A cette heure il était convaincu de l’entière probité d’Angèle, dont il avait long temps et franchement douté, et il estimait le quartier-maître. — Alors?... ‘ Il prit la mignonne main de l’enfant. JeanFrançois était propre comme un sou neuf, comme un matelot, si vous voulez. Adrien re garda cette main minuscule aux ongles drôles à force de délicatesse, cette chair neuve, aux fins plissements tendres, toute pareille, la me notte, aux feuilles d’avril, à peine déroulées. Il là regarda avec complaisance, comme une chose qui pourrait être, si on savait le vouloir, gardée ainsi, pure du contact des choses vilaines. Reproduction et traduction interdites....