Extrait du journal

Y La princesse aimait trop passionnément son mari pour n’être pas jalouse ; mais, précisément parce qu’elle l’aimait, elle se gardait bien de laisser pa raître sa jalousie. Quand, à quarante-deux ans, elle avait pensé à épouser ce jeune homme, qui n’en avait que vingtsept, elle avait eu la sagesse de se dire qu’un jour viendrait où elle ne serait qu’une mère pour lui. •Mais, maintenant qu’elle était mariée, elle aurait 'voulu que ce jour ne vînt jamais. Pourquoi vien drait-il si vile? elle ne le voyait pas. Ce n’est pas ; une année qui change une femme, et surtout uue ; femme qui sait prendre des précautions. Elle faisait venir de Londres une teinture qui ; était une merveille, puisqu’elle donnait aux che' veux le moelleux en même temps que la couleur, et elle allait elle-même choisir chez Violet les gants gras dans lesquels elle couchait, les crayons, Tes fards les plus parfaits à ceut francs le pot, tous ces cosmétiques que Regina, qui n’avait jamais été plus habile, employait avec le talent d’une grande artiste. Que de précautions ne prenait-elle pas pour ces achats, jusqu’à faire arrêter sa voiture devant Labrousse, où elle choisissait des fleurs ruineuses, pour filer ensuite le long des magasins du boulevard jusqu’à la rotonde de Violet, où elle ; se précipitait comme les pauvres honteux entrent au Mont-de-Piété ! Que de précautions aussi pour ■ sa toilette, pendant laquelle la porte de son appar. Traduction interdite. — Reproduction autorisée pour . les journaux qui ont un traite avec la Société des*gens de lettres, mais seulement après la fin de ia publication en feuilleton dans le Temps....