Extrait du journal
Et plus loin : Je vous le répète, si vous voulez maintenir l’influence de la République chez les paysans, soyez fermes vis-àvis du clergé ; car vous n’avez pas d’autre ennemi dans . nos campagnes. Au publio de juger si ces paroles pouvaient ou non se résumer sous la formule : Guerre aux curés! Quant à notre honorable contradicteur, nous le prions de croire que cette citation n’a d’autre objet que de prouver notre entière bonne foi, et de clore une polémique qui n’est — on le sait — ni dans nos goûts ni dans nos habitudes. — : . * : Est-il donc impossible de concilier, dans la pratique, les nécessités du recrutement des pro fessions libérales et l’intérêt des hautes études avec les exigencos du service militaire ? Nous sommes très loin de le penser. Si les discus sions de doctrines qui se sont engagées jusqu’ici autour du projet que la Chambre examinera mardi n’ont abouti, comme il arrive d’ordinaire, .qu’à confirmer dans leurs vues premières et contradictoires les parties en présence, peut-être sera-t-on plus heureux en abordant la question d’application? Mais, avant d’indiquer quel serait, à notre avis, le terrain de conciliation le plus favorable, nous tenons à rappeler qu’au cours dé la polémique ouverte l’an dernier quelquesuns des partisans, et non les moins résolus, de la loi préparée par la commission du recrute ment, avaient reconnu qu’il fallait faire fléchir, dans certains cas bien déterminés, la rigueur des principes. C’est ainsi que nos confrères de là République française finissaient par avouer que, dans la pensée de Gambetta, la loi militaire devait comporter certaines dispositions spécia les en faveur de la « sélection » des professions : libérales (numéro du 8 juin). ' Dans le même article, et dans plusieurs au tres, datés du 24 mai, du 5 juin, du 6 juin, la République française, sans entrer dans le dé tail des concessions qu’il lui. semblait opportun défaire, traçait néanmoins certaines grandes lignes : telles que l’assimilation à l’Ecole poly technique et à l’Ecole forestière de diverses au tres écoles de l’Etat, dont les élèves recevraient, sans passer par la caserne, l’instruction mili taire et sortiraient avec le brevet de sous-lieu tenant de reserve. Quelques semaines plus tard, il paraissait dans le Drapeau (numéros du 21 et du 28 juillet) une étude que l’on peut consi dérer, sans témérité, comme représentant à peu près les vues transactionnelles de Gambetta sur le point en litige. L’auteur de l’étude, tout en condamnant le volontariat actuel, admettait pour certaines catégories-de jeunes gens, notamment pour ceux qui sont pourvus d’un double diplôme de bachelier ou d’un diplôme de licencié, un ré gime spécial, propre à les conduire au brevet de sous-officiers de réserve avec une dépense de temps minima. De même, sans conserver toutes les catégories de dispensés fixées par la loi de 1872, il reconnaissait la situation exceptionnelle des élèves de l’Ecole normale supérieure, de l’Eco le des Chartes, des prix de Rome, et proposait pour ces jeunes geus, d’ailleurs en fort petit nom bre, un compromis sur lequel nous reviendrons. Ainsi, sans faire peut-être aux intérêts de la cul ture littéraire, scientifiqüe et artistique, non plus qu’aux nécessités de l’enseignement public, des sacrifices assez considérables, ceux de nos con frères dont nous venons de rappeler l’opinion attestaient du moins qu’ils ne voulaient pas com promettre par des exigences outrées l’avenir des lettres, des sciences et des arts en ce pays. Si nous rappelons au public ces souvenirs d’une polémique déjà vieille, ce n’est pas pour nous donner le plaisir assez vain de mettre en con traste les déclarations conciliantes de nos con tradicteurs de l’an passé et le langage violent, pour ne pas dire brutal, que tiennent à présent quelques-uns de leurs amis : c’est pour montrer qu’alors on ne se heurtait point à un parti pris absolu, et que, s’il subsistait des difficultés, l’es poir d’une entente fondée sur des concessions réciproques n’était rien moins que chimérique. Ajoutons que les adversaires eux-mêmes du projet de loi avaient pris les devants, et indiqué de bonne grâce les bases d’un accord raisonna ble. On se souvient que la Société des questions d'enseignement supérieur, dans une lettre adres sée à M. Jules Ferry, lettre que nous avons pu bliée et commentée, se déclarait prête à accep ter pour les élèves de nos facultés et de nos grandes écoles toutes les obligations qui n’au raient pas pour effet de rendre leurs études im possibles. Le rédacteur de la lettre collective définissait en des termes que nous demandons la permission de remettre sous les yeux de nos lecteurs ce qu’on pourrait appeler la position de l’enseignement supérieur, gardien et défenseur naturel des hautes études, mais aussi patriote et d’un patriotisme plus éclairé que les fanatiques de l’égalitarisme à outrance :...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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