Extrait du journal
l’aire et enferme dans le grenier la richesse de l’année. Ainsi la vie humaine fait osciller ses efforts jusqu’au jour où les portes de la grange enclosent la moisson. Lorsqu’il ne restait plus que les chaumes nus sur le froment égrené, une dizaine de, batteurs et de batteuses s’alignaient, comme soldats en parade, à l’une des extrémités de l’aire et avançaient en secouant ét poussant devant eux la paille avec des fourches de faneurs. Pour rythmer leur marche, ils chantaient tous en semble : En voici' un, Le joli un, Le un s’en va, Il s’en ira. ■ Au dernier mot du couplet, ils atteignaient le bord opposé du cercle et lançaient vivement au delà une première couche de paille. En même temps, derrière eux, uhe deuxième escouade recommençait le même jeu et chantait à son tour : En voici deux, Le joli deux, Le deux s’en va, Il s’en ira. Enfin, un troisième couplet, d’une cadence plus alerte, écartait le dernier voile et la nappe de blé étincelait sous le soleil comme du gravier d’or. Pendant que les vanneurs, avec leurs sou ples balais de genêt, assemblaient la couche en monceau et la versaient dans le tarare, la sœur de Julien Gourand, Nisette, apportait la cruche de cidre frais et remplissait un bol : la première batteuse qui le recevait avait soin d’y laisser quelques gouttes, puis de les répandre à terre, par savoir-vivre, pour simuler le rinçage, et le passait ensuite à son voisin. Tous imitaient son exemple. Mais, quand ce fut le tour de Perrine, elle n’avala que deux ou trois gorgées et tendit à Julien le bol encore plus d’à moitié rempli, en souriant de ses dents blanches. Et lui, sans hé sitation, acheva de le vider. L’innocente avait in venté d’instinct la communion de l’amour. Dans l’après-midi de la seconde journée, la battée touchait à sa fin ; l'édifice temporaire des gerbes s’était effondré, à mesure que s’élevait vis-à-vis une longue meule de paille en forme de chaumière pleine : abattre pour reconstruire, c’est la tâche incessante de l’humanité. Le peu...
À propos
Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.
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