Extrait du journal

Lorsque timidement nous parcourions, à quelques-uns, les grèves de ce pays, en culotte courte, voilà quelque sept ans, les gens du cru et les Parisiens en villégiature nous regardaient de haut on bas, ceux-ci avec une lippe dédaigneuse, ceux-là avec un sourire significatif. Les femmes surtout. Oh l les femmes ne pardonnaient pas. Suivant leur condition sociale, elles riaient aux éclats ou jouaient fièrement de l’ombrelle en détournant leur aimable tète, blonde ou brune. Il nie souvient qu’à Jersey, où l’on en voit pourtant do drôles, nous fîmes sortir une famille entière de sa maison parce que nous étions quatre avançais dans la rue, tous en mollets. Heureux âge ! Aujourd’hui, ce sont les dames à l'ombrelle qui portent le plus audacieusement la culotte ample, ce dont je ne saurais leur faire un grief, au contraire. Mais c’est simplement pour dire : tout arrive, même ce qu’on croyait le plus improbable. Telle mignonne Parisienne, fleur d’élégance et disons-le hautement, de vertu, qui jadis eût refusé de marcher à côté d’un homme en culotte, arbore maintenant, sur ces rivages, et du matin au soir, s.v.p., cette partie si commode et si simple du vêtement masculin... cycliste, car voilà un siècle que nos mœurs idiotes avaient répudié la culotte pour adopter le pantalon — une absurdité venue d’Angleterre, comme le chapeau tuyau de poêle. L heure de la revanche vient d’être enfin sonnée, par le grelot de nos bicyclettes. Hosannah 1...