Extrait du journal

I! ne nous paraît pas qu’il puisse y avoir de controverse au sujet de ce cent vingt-quatrième Salon, que les privilégies de la fortune et de la Société des artistes sont admis à visiter dès aujourd’hui ; il s’ouvre sous les auspices les plus favorables, a sa physionomie toute spéciale, bien à lui, et l’emporte sans balancer sur les expositions précédentes, ceci pour des raisons que quelbues mots suffiront à indiquer. La supériorité du Salon de 188G n’est en effet attribuable ni à la somme de talents inconnus qu’il révèle, ni à la quantité des maîtresses pages qu’on y rencontre ; elle vient do la qualité même de la moyenne des œuvres envoyées et. des efforts considérables réalisés par des artistes déjà en renom, qui ont voulu se renouveler ou s’affirmer avec plus d’autorité. Les tendances les plus variées se trouvent représentées ; le style académique compte encore de rares adeptes ; beaucoup se tournent vers l’art décoratif, d’autres enfin, et les mieux avisés peut-être, vers l’étude de la vivante réalité; il nous coûte seulement de remarquer que, dans ec domaine de l’observation, les étrangers entrent en lutte ouverte avec nous, et que chaque année iis arrivent plus nombreux et, ce qui e f pire, avec des œuvres d’une plus savoureuse sincérité....