Extrait du journal

On sait que, pour ne pas tremper dans ce monstrueux attentat qu’on appelle l’exécution des décrets, quelques procureurs et substituts ont jeté leur toque aux orties et, avec grands fracas de lettres publiées par les journaux jésuitophiles, sont noblement descendus d-3 leur siège. Coque Von sait moins, c’est que La plupart de ces défroqués flairaient la destitution prochaine, et qu’en se donnant ces allures de Molés inflexibles et pédants, ils ne faisaient que devancer l’heure certaine de la justice. Par le temps qui court, le martyre n’est le plus souvent qu’une spéculation à bon marché. Dans l’esperce, les scrupules de conscience, si bruyamment invoqués, n’étaient qu’un argument sophistique. La loi, dont ils sont les premiers serviteurs et les auxiliaires salariés, mettait la conscience des magistrats à l’abri de tous scrupules. Et que leur demandait-on, sinon de prêter main forte à la loi? Même en supposant ces scrupules, la vraie probité, le vrai courage eussent été non pas de se démettre mais de protester avec toute l’autorité et tout le prestige d’une fonction redoutable; non pas de descendre du siège, comme des enfants boudeurs et mutinés, mais de s’en faire précipiter, comme (les hommes forts de leur conscience et de leur droit ! On eût pu, ce jour-là, à juste titre, ouvrir le Livre d'or de la magistrature française, tandis qu’on n’a ouvert que son livre d’échéances... anticipées....