Extrait du journal

Le gouvernement mettra sans doute à profit les quelques jours qui s'écouleront encore avant la reprise de la session pour agir individuellement sur les députés. Il faut, en effet, amener la Chambre à se déjuger, car il est certain que le gouvernement allemand n'est disposé à aucune concession sur cette question. Or, on sait que l'Allemagne a déclaré qu'elle ne reconnaîtrait l'indépendance de la Roumanie qu'autant que le rachat des chemins de fer serait opéré dans le sens indiqué par elle ; le refus de l'Allemagne entraîne celui de l'Angleterre et de la France. Ajoutons que ce refus a une singulière influence sur l'opération de la loi relative à la naturalisation des Israélites et va directement à rencontre du but que se proposaient les puissances à cet égard. Le gouvernement n'ose pas proposer de naturalisations dans la crainte que la Chambre ne les rejette toutes sans examen, Les députés, reflet en cette circonstance de l'opinion publique, considèrent en effet que les puissances ont manqué de foi envers la Roumanie. Le traité de Berlin ne faisait aucune allusion au rachat des chemins de fer ; il proclamait l'indépendance de la Roumanie en posant une seule condition, celle de l'émancipation des israélites. Cette question a reçu une solution relativement satisfaisante , — elle a tout au moins suffi pour contenter les puissances, et les Roumains s'étonnent à juste titre qu'elles soulèvent aujourd'hui une nouvelle question ; ils se demandent si leurs exigences s'arrêteront là....