Extrait du journal

Le procès du maréchal Bazaine est engagé. Mais s'il faut en croire les propos qui circulent à Versailles, les juges du conseil de guerre n'auraient pas qu'un Seul homme à juger et qu'une seule capitulation à examiner. On dit, en effet, que la lettre de M. le général Wimpffen aurait vivement ému la commission à laquelle elle était adressée, et que, saisi de l'affaire, le gouvernement déférerait le signataire de la protestation au tribunal militaire qu'il réclame. Nous ne serions nullement surpris de ce résultat ; la catastrophe de Sedan vaut bien qu'on porte la lumière sur les moindres faits qui s'y rattachent, et on aurait pu ne pas attendre la lettre de M. Wimpffen pour instruire le grand procès où lui-même n'a joué qu'un rôle de secondaire. Nous savons bien que le vrai coupable n'est pas à, la disposition de la justice ; tranquillement réfugié à Chislehurst, il se soucie médiocrement de l'opinion des conseils de guerre et se repose sur Je dévouement obligatoire des journaux que l'on connaît. Mais il n'est point de considération qui doive empêcher la vérité de se produire, et c'est pourquoi nous trouverions naturel que l'affaire de Sedan fût portée devant un conseil de guerre, comme nous avons trouvé juste qu'un général, compromis dans une capitulation, demandât des juges....