Extrait du journal

En deux mots, voici : le ton des polémiques nationalistes, d'une part, jingoïstes, de l'autre, s'était, après l'incident de Fachoda, monté à un degré tel que la situation entre les deux pays était devenue plus que tendue. Nos ministres croyaient à la guerre immédiate : « Tous les rapports qui nous parvenaient nous disaient de nous tenir sur nos gardes, d'être prêts à tout. Et malheureusement,sur beaucoup de points, nous n'étions pas préparés. Lockroy demandait du charbon, des canons et des troupes. Pour faire nos préparatifs, il nous fallait de l'argent, nous n'en avions pas. Nous ne pouvions pas en demander aux Chambres sans causer des inquiétudes en Angleterre, sans déceler l'insuffisance de notre armement, sans montrer notre jeu. » Qu'arriva-t-il ? « Cet argent, les ministres eurent le courage patriotique de le dépenser sans autorisation. Pour se mettre à couvert autant que possible,les ministres firent une démarche auprès des présidents et des rapporteurs généraux des commissions financières du Sénat etdelaChambre.On avaitpeurde l'opposition de Pelletan dans cette crise nationale. Pelletan s'éleva, comme les autres, plus ardemment que les autres, au-dessus de toutes les considérations de forme : Grace à ces élans patriotiques, on fit rapidement ce qui était urgent pour résister à un coup de surprise. »...